Sublime dégoût : l’esthétique transgressive de Diderot
- Authors
- Publication Date
- Dec 01, 2023
- Identifiers
- DOI: 10.4000/rde.7364
- OAI: oai:HAL:hal-04504766v1
- Source
- HAL-Descartes
- Keywords
- Language
- French
- License
- Unknown
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Abstract
Contre la tendance en esthétique à opposer goût et dégoût ou à épurer le jugement de goût, l’esthétique « non conformiste » du sublime développée par Diderot est repensée à partir de la notion de « malaise », qui fonde le sublime chez Burke, et avec l’Anthropologie de Kant pour intégrer le dégoût dans le sublime. À cette condition, on peut rendre au sublime de Diderot sa dimension transgressive, blasphématoire et dialectique. Ainsi repensé, le sublime, loin d’élever le jugement hors des passions, participe d’une pensée qui n’opère pas selon un système ordonné de catégories esthétiques mais défend la relation fondamentale entre images et émotions. L’imagination y apparaît comme la faculté critique par excellence, et la stratégie de la transgression suscite les malaises, enchevêtre l’inconvenant avec la norme, le bas matérialisme avec l’idéal, la sexualité avec la sainteté. Cette esthétique affirme l’impur de nos jugements de goût contaminés d’affects, contribue à déclasser le conformisme iconographique des images, dynamise les rapports entre formes et affirme leur caractère d’incessante décomposition et recomposition.