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« Sois gentil et te fais pas remarquer ! ou comment être jeune avec les autres dans les campagnes ?"

Authors
  • Gambino, Mélanie
Publication Date
Jan 01, 2016
Source
HAL-UPMC
Keywords
Language
French
License
Unknown
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Abstract

Ecrire sur le thème du « vivre ensemble » relève pour moi de la prouesse technique tant il me semble qu'il est rapidement possible de sonner creux. Aborder le « vivre ensemble » (qui plus est en période d'élection présidentielle) c'est un peu comme jouer au pictionnary ou au tabou ! Il faut donner des contours et du contenu à cette notion sans recourir à des mots éculés tant leur utilisation fréquente et abusive les a vidés de leur sens. C'est la série des mots en ité (mixité, diversité, solidarité) et en co (coexister, cohabiter, coconstruire) au contenu opérationnel flou, aux implicites complexes, mais qui forment de véritables injonctions au « vivre-ensemble ». Des mots d'ordre qui sonnent, qui résonnent, qui inspirent goûts et dégoûts aux citoyens qui les entendent, parce que selon leur référentiel, ils y aspirent ou ils y sentent une menace. Mais, ce n'est pas parce que le sujet est difficile qu'il n'y a rien à dire. Décrypter le vivre ensemble dans cet article reviendra pour moi à questionner ce que j'observe dans les campagnes : les pratiques et les initiatives des jeunes de 15 à 25 ans. Cette observation est menée depuis une quinzaine d'année dans le cadre d'une participation à des projets locaux (en Dordogne et en Ariège), grâce à des enquêtes par entretiens semi-directifs, et elle a pour cadre des campagnes marquées par une faible densité de population et une organisation plus diffuse des activités et des services. Des campagnes du sud-ouest français aux fonctions récréatives, productives, résidentielles et environnementales prononcées. Mais, des campagnes qui, lorsqu'il est question du « vivre ensemble », contrastent avec la ville. La sociologie rurale a montré combien les campagnes avaient été un lieu monoclasse, uniforme, communautaire, à l'identité immuable. La sociologie urbaine a produit une définition de la ville comme lieu de brassage favorable à la mise en cause des certitudes, à l'ouverture d'esprit, favorisant l'acceptation de la différence et la tolérance. Si le « vivre ensemble » dans les campagnes-comme actuellement d'ailleurs dans de nombreux territoires-ne va pas de soi, n'y at -il pas de rencontre avec la différence, des diversités d'acteurs, des juxtapositions d'activités ? En effet, cette notion de « vivre ensemble » est synonyme d'altérité, c'est-à-dire de rapport aux autres, de présence avec les autres, d'interactions avec les autres, qu'elles soient recherchées ou pas. Dans une acception politique, le « vivre ensemble » est le fondement d'un projet de société, sans que toutefois ni sa définition ni sa mise en oeuvre ne conduise à un réel renouvellement des réflexions et pratiques des relations entre individus et entre citoyens. Pour proposer une illustration de ce que recouvre dans les pratiques et les discours des jeunes ce 1 Pour citer cet article : GAMBINO Mélanie, 2017, « 'Sois gentil et te fais pas remarquer !' ou comment être jeune avec les autres dans les campagnes ? », POUR, 2016/2, n°230, pp. 55-64.

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