Proust lecteur de Maeterlinck
- Authors
- Publication Date
- Jan 01, 2020
- Source
- HAL-Descartes
- Keywords
- Language
- French
- License
- Unknown
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Abstract
Comment l’auteur de « Contre l’obscurité » a‑t-il pu vouer au chantre du symbolisme une admiration si profonde qu’il fut pour lui un modèle, ou, pour reprendre une terminologie proustienne, un incitateur, que ce soit au niveau thématique ou stylistique ? C’est que précisément, ce n’est pas le représentant par excellence de la poésie et du théâtre symbolistes qui fascine Proust. En effet, l’itinéraire de Maeterlinck a subi entre 1895 et 1900 une évolution, qu’il serait d’ailleurs erroné de prendre pour une scission. Maurice Gorceix le rappelle dans sa postface à La Vie de la nature2, il existe en effet de profondes correspondances entre les œuvres théâtrales ou poétiques de la fin des années 1880 et des années 1890 (Serres Chaudes, La Princesse Maleine, Les Sept Princesses, Pelléas et Mélisande…) et les essais moraux et/ou scientifiques des années suivantes (essais comme Le Double Jardin ou Le Temple enseveli, œuvres naturalistes comme La Vie des abeilles ou L’Intelligence des fleurs). Nous verrons cependant qu’une certaine distance prise par Maeterlinck à l’égard de sa production première s’accorde de façon évidente avec l’impression de Proust. De façon assez originale pour son époque, et même si La Vie des abeilles (1901) et L’Intelligence des fleurs (1907) furent deux énormes succès, Proust s’intéresse davantage aux essais parus à l’extrême fin du XIXe et au début du XXe, qu’aux œuvres plus éthérées de la décennie 1890. Non que celles-ci ne soient largement citées par Proust, qui adore en outre le Pelléas et Mélisande mis en musique par Debussy. Il reconnaît volontiers dans la Recherche que ces pièces sont révolutionnaires, au point qu’elles ne peuvent être assimilées par le public pseudo-cultivé de l’époque, et sa correspondance fait de nombreuses allusions à la production dramaturgique de Maeterlinck. Enfin, au niveau thématique, celle-ci rejoint un grand nombre de préoccupations et de découvertes majeures de Proust.Plus profondément pourtant, ce sont les autres œuvres de Maeterlinck qui ont marqué Proust.