Pratiques contributives à l’âge des données
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Abstract
Les humanités numériques se sont longtemps limitées à l'analyse quantitative des données issues des sciences humaines et sociales en mobilisant la statistique, l'informatique et l'ingénierie des connaissances. C'était en quelque sorte l'âge des données avant l'avènement des grandes plateformes du Web qui exercent aujourd'hui une véritable hégémonie sur la production et la diffusion des savoirs. Nous sommes à présent dans un contexte non seulement de numérisation généralisée des documents mais également d'indexation de toutes nos traces laissées sur le Web. Les big data ne sont donc plus seulement un enjeu d'accès à l'information mais de catégorisation de notre relation au savoir. Nous proposons de reconsidérer ici les pratiques contributives à l'aune de cette nouvelle organologie 1 , pour reprendre le terme proposé par Bernard Stiegler, qui est au fondement du programme Digital Studies que nous développons à l'Iri pour aller au delà du mouvement des Digital Humanities, dès lors qu'il ne s'agit pas premièrement d'équiper les sciences humaines et sociales avec les outils du numérique, mais bien d'envisager comment ces outils posent de nouvelles questions épistémologiques. L'organologie dont il est ici question dans le champ numérique repose d'abord largement sur ce que l'on n'appelle déjà plus des métadonnées mais des données ou même dans bien des cas des « datas » tant il semble difficile de cerner l'objet, ce sera l'enjeu de notre première partie. Mais la notion même de donnée n'a pas de sens hors des automates qui la produisent et la traitent, ces algorithmes avec lesquels nous devons apprendre à travailler dans le contexte des études numériques, nous en donnerons quelques exemples dans une seconde partie. Nous illustrerons ensuite l'impact de cette nouvelle organologie des données sur les processus de production collaborative du savoir et les nouveaux modes de diffusion contributive. Pour finir, nous nous interrogerons sur la valeur des données contribuées en nous appuyant sur les travaux sur la figure le l'amateur et sur les projets menés à l'Iri qui nous semblent dessiner les contours d'une nouvelle économie de la contribution basée sur la valeur pratique et non plus seulement sur la valeur d'échange ou la valeur d'usage.