Peltre (Moselle) " Les Rouaux " : [Les Champs Dorés, zone 2, sites 1 et 2] : rapport de fouilles
- Authors
- Publication Date
- Jan 01, 2006
- Source
- HAL-UPMC
- Keywords
- Language
- French
- License
- Unknown
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Abstract
Le projet de lotissement des Champs Dorés est situé à proximité immédiate du village de Peltre qui se trouve à 5 km au sud-est de la ville de Metz (France, département de la Moselle). Une fouille en aire ouverte réalisée en 2004 sur 2,5 ha a permis l’étude de vestiges de la Préhistoire, de l’Antiquité et de la période moderne qui comportent : - un groupe de 3 contextes funéraires contenait trois individus (deux adultes et un adolescent de sexe indéterminé) qui se trouvaient inhumés en décubitus latéral gauche fléchi. Deux défunts étaient accompagnés d’une céramique déposée au pied. Les observations anthropologiques permettent d’attribuer ces contextes funéraires à la culture campaniforme. L’absence de décor relevée sur les deux céramiques découvertes ne permet pas de proposer une chronologie. - un ensemble de cinq bâtiments organisés autour d’une vaste cour rectangulaire orientée nord-sud large d’environ 70 m. Ces éléments appartiennent à une partie de l’espace bâti d’un domaine rural antique dont l’étendue exacte reste inconnue. La comparaison avec des plans complets de sites similaires permet de penser que son développement pourrait avoisiner les 200 à 300 m de longueur. Le domaine trouve son origine dans un bâtiment en bois de la fin de la période gauloise ou du début de l’époque romaine qui est remplacé au cours du Ier par un bâtiment en dur. Ce dernier fait ensuite l’objet d’un remaniement important à la période flavienne. Ceci lui confère un aspect plus cossu caractérisé par un long portique encadré de deux pavillons qui traduit une évidente volonté de monumentalisation de l’édifice. D’autres rajouts sont faits plus tard en particulier une aile thermale et un second portique encadré de deux pavillons contre la façade nord. En parallèle à cette évolution de l’édifice principal, des annexes sont construites selon un ordonnancement qui vise à délimiter une longue cour rectangulaire prenant naissance contre la façade du corps de logis. La chronologie précise de la mise en place de cette cour n’a pu être déterminée avec précision. En tout cas, elle est bien en place lors de l’agrandissement du bâtiment d’habitat. En effet, cette nouvelle phase est le cadre d’une structuration de l’espace du domaine qui est matérialisée par la réalisation de murets de séparation. Cette hiérarchisation permet de distinguer deux secteurs distincts qui renvoient à la classique répartition duale faite entre pars urbana et pars rustica. La pars urbana, dont l’élément central est le corps de logis, comprend également les espaces attenants qui sont bien individualisés grâce au réseau de murets. A l’avant, une cour d’agrément, qui peut être aussi interprétée comme un jardin, présente un développement en harmonie avec la façade. A l’intérieur, un bassin occupe une bonne partie de sa surface. Plusieurs fragments de statue en marbre blanc d’origine grecque témoignent de la présence d’un riche décor composé d’un panthéon d’au moins deux divinités dont l’une est Harpocrate. De chaque côté, se trouvent des cours plus petites qui ont des fonctions plus techniques. Celle située à l’ouest sert de cadre à l’aile thermale qui est vraisemblablement un rajout postérieur à la phase d’agrandissement de la partie résidentielle. Celle située à l’est accueille divers aménagements hydrauliques (conduites enterrées, regard répartiteur) nécessaires à l’alimentation en eau du bassin et de l’aile thermale. A l’arrière, un vaste espace de 140 m de large et dont l’extension vers le nord n’a pas pu être reconnue correspond peut-être à un verger ou à un parc ( ?). La pars rustica quant à elle s’organise de part et d’autre d’une vaste cour dont la perspective se trouve bouchée par la succession des bâtiments rencontrés à l’ouest. En effet la recherche de symétrie constatée pour l’implantation du jardin au bassin a été par la suite contrariée par cet alignement d’annexes. Un porche situé au milieu du muret qui assure la séparation avec la cour d’agrément permet l’accès vers cet espace central qui se trouve très désaxé par rapport à l’axe général du corps de logis. A l’intérieur les restes d’une fondation à plan hexagonal entourant une fosse quadrangulaire sont le seul aménagement rencontré. Cet ensemble est interprété comme un enclos funéraire qui pourrait être celui du personnage qui a conféré ce caractère luxueux à la villa. Les bâtiments annexes sont situés de part et d’autre à une dizaine mètres du muret de clôture. Ces observations permettent de penser que cette vaste cour n’avait pas de fonction agricole mais est plutôt à interpréter comme un parc. La deuxième moitié du IIIème siècle correspond à la période de déclin du domaine qui sert alors de carrière de matériaux. Par la suite, certaines parties des ruines sont réoccupées jusqu’au milieu du Vème siècle dans le cadre de réaménagements sommaires réalisés à l’aide d’éléments de récupération ou de matériaux légers. - un tronçon de l’ancienne voie romaine Metz-Strasbourg. Celle-ci a été dégagée sur 70 m de longueur. Elle se présente sous la forme d’une longue bande empierrée de 9 m de large à la surface légèrement bombée. Elle est encadrée de part et d’autre par deux bandes sableuses qui correspondent à des pistes cavalières. Le fond de route est composé de blocs et de moellons en calcaire bleu de l’hettangien. La large coupe réalisée à travers la voirie a permis de constater l’existence de différentes réfections qui ont eu effet de décaler légèrement le tracé de la route. - deux contextes funéraires isolés postérieurs à la période antique. Leur localisation n’a aucun lien avec le site et est complètement aléatoire. Il s’agit dans les deux cas d’individus de sexe masculin inhumés en décubitus dorsal dont les restes osseux étaient assez arasés par l’érosion agraire et le décapage mécanique. Dans un cas, le squelette était en grande partie détruit et aucun élément de datation n‘a été découvert. Dans l’autre cas, le défunt était un homme mature d’une taille approximative de 1,69 m qui souffrait d'arthrose vertébrale et de plusieurs caries dentaires. Inhumé habillé, il portait des chaussures cloutées et un vêtement fermé par une agrafe métallique. D’après ces données, l’inhumation de cet individu a pour cadre le XVIe ou le XVIIe siècle.