Les risques collectifs / Les risques collectifs: Objet d'une rencontre problématique entre chercheurs et acteurs

Les premiers travaux français à caractère sociologique sur les risques, effectués suite à la catastrophe de Feyzin (1966), visaient à produire des analyses utiles aux pouvoirs publics et aux milieux professionnels. Cette volonté était également présente dans les réflexions développées autour des « risques technologiques majeurs » à partir des années 70/80. D'une manière générale, les chercheurs pionniers dans ce domaine étaient assez proches des milieux professionnels et administratifs, alors principaux commanditaires des recherches effectuées dans ce domaine. La situation s'est modifiée avec l'engagement des premiers programmes de recherche en sciences humaines et sociales (SHS) au milieu des années 90, notamment à l'initiative du CNRS. Ces programmes ont été mis en place au moment où la question des risques cessait d'apparaître comme relevant uniquement de l'expertise, devenait donc un objet académique (comme c'était déjà le cas dans d'autres pays). Les problématiques de recherche en SHS sont ainsi devenues de plus en plus autonomes par rapport aux demandes habituellement exprimées tant par les milieux professionnels que par les milieux administratifs. Par ailleurs, en se focalisant sur certaines questions, comme l'analyse de l'émergence des risques comme problèmes publics, les chercheurs se sont de fait moins préoccupés des questions de sécurité auxquelles sont confrontés les acteurs.