Les pokhari dans la plaine du Népal : des étangs à usages multiples ou passant à la pisciculture exclusive dans le contexte tendu des transformations territoriales du Téraï oriental
- Authors
- Publication Date
- Mar 18, 2020
- Source
- HAL-Descartes
- Keywords
- Language
- French
- License
- Unknown
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Abstract
La gestion des ressources représente un des défis contemporains majeurs pour les sociétés rurales. Dans la plaine du Téraï oriental (Népal), qui renferme des densités de population élevées (plus de 500 hab./ km²), des restructurations territoriales amènent les communautés villageoises à faire face à de fortes tensions foncières et à des pressions croissantes sur l’eau. Elles amènent notamment à des changements profonds dans les pratiques en termes d’utilisation et gestion des pokhari. Ces plans d’eau, de tailles diverses (de 0,01 à 6 hectares ou plus), sont définis comme des écosociosystèmes multi-usages. De tenure publique ou privée, les pokhari sont gérés collectivement par des communautés villageoises Tharu ou Madhesi, des populations originaires de la plaine, ou individuellement et plutôt par des exploitants-indépendants qui, au travers de leurs initiatives personnelles, participent au processus d’individualisation dans la gestion des ressources. Alors qu’ils sont omniprésents dans les districts de Saptari et de Sunsari, nos deux terrains d’étude, ce n’est qu’à partir des années 1990 que les pokhari deviennent la cible de politiques publiques visant à augmenter la productivité de la plaine par le développement de la pisciculture intensive et par la mise aux enchères d’autorisations privatives de leur utilisation et gestion. Cette thèse de Doctorat combine une approche qualitative et quantitative : une typologie est construite pour l’analyse des caractéristiques de 232 plans d’eau localisés à Saptari et à Sunsari ; elle est combinée à une analyse spatio-temporelle de l’évolution des surfaces en eau des pokhari, et met en lien le développement des logiques productivistes gouvernementales avec l’intensification du productivisme dans l’utilisation des plans d’eau. Pour autant, face aux interdictions d’usage de plans d’eau anciennement collectifs, des communautés interrogées dans la plaine revendiquent leur territoire de l’eau et l’appartenance identitaire qui s’y rattache. La lutte contre des formes nouvelles d’exclusion sociale permet de reconsidérer les rapports de pouvoir dans la gouvernance des plans d’eau de la plaine.