Les infortunes de « notre » amour de la vérité face à l'emprise du principe de plaisir
- Authors
- Publication Date
- Jan 01, 2004
- Source
- HAL-UPMC
- Keywords
- Language
- French
- License
- Unknown
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Abstract
C’est plus d’une fois, que nous devons convenir, non sans une certaine haine, queFreud a quelques raisons d’écrire à Binswanger qu’il « n’est rien dans la structure del’homme qui le prédispose à s’occuper de psychanalyse ». Et, c’est un pas de plus,coûteux psychiquement, que d’avoir à découvrir, dans le cours d’une cure, les mécanismesde défense que le moi secrète pour se soustraire aux effets de la psychanalyse.Soutenir l’amour de la vérité (à entendre comme reconnaissance de cette réalité dontla psychopathologie ne cesse de montrer que l’humain est plus que disposé à s’endétourner) impose de surmonter la passion d’ignorer et d’habiter la haine. Le coût dutravail psychanalytique est considérable, car il impose de surmonter des méconnaissancesqui paraissaient jusque-là vitales (et qui l’étaient d’un certain point de vue) etde reconnaître la violence indomptable des motions pulsionnelles, les ressources dehaine dont nous disposons et que le refoulement nous masque.La pratique psychanalytique fait redécouvrir, à chaque fois comme une première fois,à quel point est présent et actuel en chacun le conflit entre « l’effort pour demeurer telqu’on est » et l’effort pour se modifier en fonction des exigences de la réalité que letravail psychanalytique impose. C’est dans de tels moments que l’on prend la mesurede la difficulté, pour le patient mais aussi pour le psychanalyste, d’aller au-delà duprincipe de plaisir. La puissance d’emprise de celui-ci s’oppose alors à ce que le travailpsychanalytique se fasse travail de culture et menace la cure de devenir un subtilmoyen de continuer à se détourner de la réalité.