Le contrôle du varron par l'ivermectine : éradication de l’hypodermose bovine
- Authors
- Publication Date
- Jul 20, 2021
- Source
- HAL
- Keywords
- Language
- French
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- Unknown
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Abstract
L’hypodermose bovine ou varron est une maladie provoquée par Hypoderma bovis et Hypoderma lineatum, mouches non piqueuses dont les larves parasitent spécifiquement les bovins. Elles traversent la peau, migrent dans les tissus profonds pendant plusieurs mois, atteignent le tissu sous-cutané dorsal où elles provoquent des abcès, et enfin percent la peau de l’animal pour rejoindre le milieu extérieur. Ces parasites provoquent une immunodépression générale, limitent la croissance des jeunes bovins et la production laitière des vaches, obligent à l’épluchage des carcasses à l’abattage, endommagent considérablement les cuirs, et nuisent gravement au bien-être des animaux. La lutte entamée depuis les années 50, fondée essentiellement sur des insecticides organophosphorés, restait limitée puisque trente ans plus tard, le parasite infestait encore 40% des cheptels en France. Parallèlement à l’émergence des avermectines dans les années 70, nouvelle classe d’antiparasitaires, l'INRA a conduit un programme ambitieux de recherches pour préciser l’épidémiologie des hypodermes, identifier un traitement systématique de tous les animaux sans danger pour le consommateur, l’éleveur et l’animal par l’ivermectine en microdose, développer un immunodiagnostic utilisable à très grande échelle avec l’hypodermine C, trois conditions incontournables pour mettre en place une stratégie efficace de maîtrise de l’hypodermose. Ce programme a été réalisé en collaboration avec l’Ecole nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) et pour partie avec les Groupements de défense sanitaire (GDS). Les résultats, après acquisition de la preuve de concept sur le terrain en Bretagne et en Bourgogne, ont permis au ministère en charge de l’agriculture, avec l’appui des parties prenantes (vétérinaires, éleveurs, industriels du cuir et de la viande), de mettre en place un plan de lutte (1994) étendu au territoire national (1998). En termes d’impact, le plan national de lutte a conduit en trois ans à la maîtrise de l’hypodermose, à l’arrêt des traitements et à la mise en place d’un programme de surveillance par immunodiagnostic des éventuelles résurgences (en particulier en zones frontalières). L’impact économique des pertes évitées grâce à l’éradication du varron peut être évalué pour les productions nationales de lait, de viande et de cuir à 169, 98 et 111 millions d’euros respectivement en cumul sur vingt ans. L’impact environnemental est lié à la réduction des résidus dans les matières fécales pendant les traitements, à la suppression des traitements à l’issue du plan de trois ans, et à la maîtrise d’une maladie parasitaire des bovins. L’impact territorial et social inclut la valorisation de la collaboration et mutualisation entre parties prenantes, en particulier les éleveurs, et l’amélioration du bien-être des animaux. L’impact sur les connaissances vient aussi des collaborations internationales de l’INRA, en particulier via une action COST (projet européen incluant le Maghreb) et un programme européen INCO (incluant la Chine). Cette étude a été conduite selon la méthode ASIRPA ex-post.