Le choix d’Hercule. Littérature et morale dans la première moitié du XIXe siècle

La Révolution, achevant le travail de sape du rationalisme des Lumières, met à bas un système hiérarchisé, d’une grande lisibilité, où les positions sont fortement définies. L’individu, promu sujet raisonnable et responsable, doit se situer dans un monde où la naissance ne vous assigne plus à une place et une fonction dès lors que l’imaginaire et l’idéologie de la vocation inscrivent la question de l’identité dans le mouvement d’une conquête. La littérature joue un rôle essentiel dans cette reconfiguration du procès de l’individuation comme nous le montrons dans un ouvrage panoramique qui envisage tour à tour la question de la censure, les accusations d’immoralité, les mises en scène de la transgression à travers des figures comme le gueux, le brigand, le bagnard, ou le meurtrier, les discours de la contre-morale ou de la morale des forts, ou encore le regain d’un imaginaire utopique, toutes questions qui invitent, par un effet de retour, à envisager la place de l’appréciation morale dans la diffusion de genres populaires comme la chanson ou le roman-feuilleton et, plus largement, dans l’affirmation d’une « civilisation du journal ».