L’action publique face aux dynamiques d’éviction des activités productives. Les cas de Rennes et de Bordeaux.
- Authors
- Publication Date
- Jun 29, 2022
- Source
- HAL-Descartes
- Keywords
- Language
- French
- License
- Unknown
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Abstract
L’augmentation massive et continue des prix fonciers et immobiliers depuis la fin des années 1990 dans les métropoles françaises et européennes génère-t-elle des mécanismes d’éviction de centres urbains qui seraient devenus inaccessibles aux plus modestes ? Comment les acteurs publics peuvent-ils y faire face ? Ces questions ont été largement traitées dans la littérature en ce qui concerne les dynamiques de localisation des ménages. Elles le sont moins en ce qui concerne les activités économiques, et en particulier les activités dites « productives » . Notre proposition de communication, qui résulte d’un projet de recherche en cours porté par le Lab’urba dans le cadre d’un programme lancé par le PUCA, apporte un double regard sur les dynamiques de localisation de ces activités au sein des agglomérations et sur la manière dont les acteurs publics tentent ou non de les infléchir. A partir des cas de Rennes et de Bordeaux, nous regardons comment les acteurs publics et leurs partenaires s’emparent des problématiques de localisation afférentes aux activités industrielles ou artisanales (production, fabrication ou réparation), conçoivent, développent et mettent en œuvre des dispositifs pour favoriser le maintien ou l’implantation de ces activités au sein des centres urbains des métropoles.Dans une première partie, nous cherchons à expliquer les dynamiques d’éviction de ces activités et à montrer les formes qu’elles peuvent prendre. Elles résultent d’abord des parcours de localisation des entreprises, par exemple lorsque les entrepreneurs s’éloignent des centres pour acquérir des locaux d’activités et non plus en louer, ou lorsque leurs activités prennent de l’ampleur et nécessitent des locaux plus grands. La pression foncière amène également certains entrepreneurs à dissocier les locaux dédiés à la production, au stockage ou à la présentation des produits (showrooms) : alors qu’une partie des locaux restent en ville, il est décidé d’en implanter une autre partie plus loin. L’usage de méthodes mixtes (à l’instar de données quantitatives issues de la base SIREN et de données qualitatives issues d’entretiens semi-directifs avec des entrepreneurs) nous permet d’objectiver et de décrypter finement les phénomènes d’éviction des activités productives.La seconde partie de la communication porte sur les réponses apportées par les acteurs publics et leurs partenaires pour contrer ces processus d’éviction. En effet, la localisation ou la relocalisation des activités dites « productives » au cœur des espaces urbains constitue, de manière croissante, un enjeu pour l’action publique urbaine, au nom de la préservation de l’emploi, du développement économique mais aussi du développement d’une économie circulaire ou encore de l’objectif « Zéro Artificialisation Nette ». Notre recherche met en évidence une grande diversité de dispositifs, relevant de la gouvernance (intégration d’acteurs privés à travers des AMI), de l’urbanisme réglementaire, opérationnel (requalification des zones d’activité, densification, urbanisme temporaire), du foncier (décote, dissociation), de l’immobilier et de l’architecture (hôtels industriels, villages d’artisans, locaux et infrastructures mutualisés) ou encore de l’animation et du développement de services auprès d’entrepreneurs (évènements, espaces de coworking). Nous montrons ainsi comment les acteurs publics et leurs partenaires (notamment les aménageurs) développent de nouvelles pratiques (rôle de foncière ou de bailleur sur certaines opérations) dans le but de favoriser le maintien ou l’implantation de certaines activités. In fine, cette seconde partie de communication basée sur l’analyse d’entretiens menés avec une diversité d’acteurs impliqués (collectivités, aménageurs, agences d’urbanisme, CCI, CMA, promoteurs…) nous amène à expliciter les mécanismes de ces dispositifs et leur portée. Dans quelle mesure ces dispositifs sont à même de contrer les processus d’éviction à l’œuvre, de répondre aux attentes des entreprises et de leur donner ou redonner accès à la ville ? Quelles activités en bénéficient ? Sont-elles vraiment les plus touchées par la pression foncière ?