L’acier et la sidérurgie française, vus par l’histoire économique☆
- Authors
- Type
- Published Article
- Journal
- Matériaux & Techniques
- Publisher
- EDP Sciences
- Publication Date
- Aug 28, 2023
- Volume
- 111
- Issue
- 3
- Identifiers
- DOI: 10.1051/mattech/2023024
- Source
- EDP Sciences
- Keywords
- Disciplines
- License
- Green
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Abstract
Ce texte présente deux visions complémentaires de la sidérurgie en France, du XIXe siècle à nos jours, au travers de deux approches, l’une d’économie historique et l’autre d’histoire des entreprises. La première partie rappelle comment le secteur a évolué sur cette longue période et quels ont été les moteurs du changement historique et les acteurs. C’est la nature des ressources énergétiques et minières, qui a piloté les transformations. Depuis l’arrivée (l’invention) à la fin du 19e siècle des procédés de production d’acier liquide (procédés Martin et Bessemer), la sidérurgie a quitté les forêts et le bord des rivières pour s’installer sur les gisements de charbon et de minerai, mais elle a fini par s’installer après la Seconde Guerre mondiale en bord de mer : changements de localisation géographique majeurs ! Les liens entre la sidérurgie française et l’état ont été très intimes du fait des deux guerres mondiales, où de profondes réorganisations ont eu lieu, et de la fin des trente glorieuses, où le secteur a été nationalisé pour éviter son effondrement. L’Europe aussi a entretenu des liens étroits avec la sidérurgie avec la création de la CEC puis le plan Davignon. Mais l’OPA de Mittal sur Arcelor a précipité la fin de l’intervention de l’état et de d’Europe. La seconde partie, propose des modèles qui expliquent cette évolution. Au départ, il y a les modèles de Schumpeter, qui décrivent le développement de l’innovation des industries dans le système capitaliste, au rythme de cycles de longue période. Puis elle présente la vision de Chandler, qui explique que l’organisation des firmes s’est déroulée dans tous les secteurs et partout dans le monde selon une succession de schémas, en U puis en M et en H. D’un contrôle familial et patrimonial on est passé à un modèle où des experts, ingénieurs et managers, ont pris le contrôle. L’internationalisation, à laquelle on vient d’assister (Mittal, Tata), montre qu’un retour en arrière est possible. La sidérurgie peut-elle encore changer de façon fondamentale, en particulier la sidérurgie française ? Cela sera-t-il déclenché par la lutte contre le réchauffement global ?