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La transition énergétique en île-de-France : des objectifs inatteignables ?

Authors
  • Gallez, Caroline
  • Coutard, Olivier
Publication Date
May 01, 2023
Source
HAL-Descartes
Keywords
Language
French
License
Unknown
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Abstract

En août 2021, le rapport préliminaire du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) certifiait pour la première fois depuis sa création que la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique était incontestable. Soixante ans après les premières publications scientifiques sur les changements climatiques et le rôle putatif des activités humaines dans ces évolutions, et quarante ans après la première Conférence mondiale sur le Climat (Genève, 1979), les auteurs du rapport semblent avoir tranché le débat : “It is unequivocal that human influence has warmed the atmosphere, ocean and land. Widespread and rapid changes in the atmosphere, ocean, cryosphere and biosphere have occurred” (IPCC, 2021, p. 5). Tandis que nombre de dirigeants européens se pressaient pour réaffirmer, une fois encore, leur mobilisation pour le climat, les experts, les acteurs de terrain et les représentants de la société civile continuaient de révéler la poursuite des dégradations environnementales et appelaient à des actions immédiates et plus volontaristes.Pourtant, en accord avec les recommandations du GIEC pour le maintien du réchauffement climatique en-deçà de seuils jugés critiques, les objectifs de diminution des émissions de GES, des consommations d’énergie et de production d’énergies renouvelables affichés aux échelles internationales, européennes et nationales n’ont cessé de se renforcer au cours des années.En France, la Stratégie nationale bas carbone de 2020 affiche désormais un objectif de neutralité carbone sur l’ensemble du territoire à l’horizon 2050. Cette ambition, qui suppose une réduction drastique des émissions de GES (-85 % en 2050 par rapport à l’année de référence 1990), se substitue à une stratégie antérieure qui visait déjà une diminution de 75 % (facteur 4) à la même échéance. Ainsi, à mesure que les années passent, la cible semble de plus en plus difficile à atteindre alors que le temps disponible pour agir se réduit et que les politiques déployées peinent manifestement à se placer à la hauteur des enjeux. Les statistiques de consommation d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre reflètent d’ailleurs l’insuffisance des actions engagées en France.La trajectoire énergético-climatique de la France apparaît ainsi structurellement en-deçà des ambitions affichées à long terme. La nouvelle stratégie nationale bas carbone, en repoussant dans le temps les cibles intermédiaires, rend l’objectif final encore plus difficile à atteindre. La neutralité carbone en 2050 pourrait requérir soit un usage considérablement renforcé des instruments usuels (fiscalité, réglementation, normes, subventions, quotas, etc.) qui risque d’aggraver fortement les inégalités sociales, soit un changement de paradigme vers une sobriété énergétique beaucoup plus affirmée – ces deux stratégies étant susceptibles d’entraîner de fortes oppositions.Dans ce contexte contraint, quelle peut être la part des actions et des initiatives locales ? Telle est la question qui a motivé la réflexion engagée dans le projet de recherche VITE ! (Villes et Transitions Énergétiques) à l’origine de cet ouvrage. L’enjeu était d’analyser à l’échelle d’une grande région urbaine, l’Île-de-France, les conditions de changement vers une « transition énergétique », dont de nombreux spécialistes s’accordent à penser qu’elle doit engager fortement l’ensemble des acteurs territoriaux.

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