L’intuition catégoriale dans la 6ème Recherche Logique de Husserl
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Abstract
Avec la Première Recherche Logique, on avait vu que l'objectif de Husserl était d'analyser la logique pure en tant que technologie et discipline normative, fondée de manière autonome sur l'ordre des idéalités. A travers cette démarche s'affirmait aussitôt le combat de l'auteur contre le psychologisme, qui loin de reconnaître l'idéalité pure des essences et des lois logiques voulait au contraire les réduire à la naturalité empirique de l'esprit humain. Dans la sixième et dernière recherche, intitulée « Eléments d'une élucidation phénoménologique de la connaissance », Husserl veut tirer des investigations qui précèdent une enquête conclusive qui mette au jour une véritable théorie de la raison, et contribue à travers une analyse phénoménologique à une élucidation de ce qu'est la connaissance en général. Pour entrer dans ce programme ambitieux, il nous faut d'abord tirer au clair certains concepts. Qu'est-ce qu'il nous faut tout d'abord chercher pour élucider la connaissance ? Pour Husserl, comme il l'explique au début de la IIIème section de la RL6 (p248), « Le terme de connaissance se rapporte à une relation entre acte de pensée et intuition remplissante ». Au fondement des RL, se trouve en effet une distinction entre deux types d'actes : d'une part les actes de pensée, que Husserl nomme également actes signitifs ou actes de signification, et d'autre part les actes d'intuition ; les deux devant se joindre pour donner lieu à une connaissance. Pour définir de manière élémentaire ces deux types d'actes, je me rapporte ici à un article de Maria Gyemant, de l'Université de Liège : « Un acte de signification dit simplement quelque chose d'un objet. Si cet objet est donné effectivement dans un acte d'intuition correspondant, si je vois effectivement qu'il est tel que je le décrivais (ou, au contraire, qu'il n'est pas ainsi), alors la simple signification acquiert une valeur de vérité ». On a donc, d'un côté, un acte de pensée ou de signification (la proposition : « cette maison est verte ») mais qui en lui-même demeure vide, comme un concept aveugle que rien ne vient appuyer dans la perception empirique ; et de l'autre côté un acte d'intuition qui peut venir remplir cet acte de pensée vide, et ainsi le vérifier de façon intuitive. On saisit dès lors la notion husserlienne de « remplissement », au centre de cette dernière Recherche, qui précisément désigne la synthèse entre un acte de pensée ou de signification et un acte intuitif, et qu'on peut définir ainsi.