Justice, vengeance et passé révolutionnaire : les crimes de la Terreur blanche
- Authors
- Publication Date
- Jan 01, 2007
- Source
- Cairn
- Keywords
- Language
- French
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- Unknown
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Abstract
Les crimes de la Terreur blanche – ou de la Réaction, comme était appelé à l’époque cet épisode de la Révolution – posèrent au système judiciaire naissant de la Révolution certains de ses plus grands défis. Durant les années troublées du Directoire et les premières années du Consulat, quand la politique de l’ordre public figurait nécessairement parmi les premières priorités du gouvernement, l’administration et l’application des lois constituaient une partie non négligeable de la consolidation de la République. En effet, le succès du programme politique du Directoire dépendait en grande partie de sa capacité à trouver des agents, dans les administrations locales et dans la magistrature, capables de comprendre et d’appliquer les lois, et ceci, malgré une résistance parfois considérable des populations locales sur les questions de l’émigration, de la désertion, des levées d’hommes, des prêtres réfractaires et de la criminalité en général, et en particulier des crimes politiques. Comme l’illustre le jugement des personnes impliquées dans le massacre des prisons à l’été 1795 dans les Bouches-du-Rhône, indéniablement un des incidents de justice populaire les plus spectaculaires de toute la décennie révolutionnaire, certains de ces crimes politiques se révélèrent être parmi les affaires les plus longues, les plus compliquées et les plus importantes pour le système judiciaire de l’époque. La persistance de la lutte des factions et de l’esprit de parti était perceptible au cours de nombreuses étapes de la procédure judiciaire et influença le jugement de ces crimes politiques. Cet article examine l’origine de la lutte des factions, la tradition de violence populaire, la nature et la violence des périodes de la Réaction, les circonstances de ces massacres dans les prisons, leurs victimes et auteurs présumés, ainsi que les procès interminables liés à ces affaires.