Enquête sur une frontière technique de longue durée / Enquête sur une frontière technique de longue durée: Le débitage par pression et ses relations avec les domaines industriels d’Asie du Sud-Ouest et du Proche-Orient méditerranéen
- Authors
- Publication Date
- Dec 31, 2023
- Source
- HAL-Descartes
- Keywords
- Language
- French
- License
- Unknown
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Abstract
Le débitage laminaire par pression debout (mode 4 : Pelegrin, 2012) est très répandu au Moyen-Orient entre le VIII e et le III e millénaire avant notre ère. Si les conditions chronoculturelles de son déploiement demeurent mal connues, son extension ne semble cependant intéresser qu'une portion de cet espace : la Basse-Mésopotamie se présente ainsi comme l'une des régions les plus occidentales où cette technique fut maîtrisée, tandis que cette dernière est (presque) totalement absente de Haute-Mésopotamie et du Proche-Orient méditerranéen. Attestée au sein du vaste domaine industriel d'Asie du Sud-Ouest, cette modalité d'exécution est solidement documentée en Asie centrale, dans l'Oural, en Crimée, dans le Caucase, en Anatolie centrale et orientale, dans le nord de l'Inde, en Afghanistan, au Pakistan, en Iran et au sud de l'Irak. À l'ouest de l'Euphrate (Levant sud et nord, Syrie intérieure, Taurus et moyen Euphrate turc), les productions calibrées par percussion directe tendre minérale et-dans une moindre mesure-au punch dominent nettement les assemblages. Au sein de ces corpus, les seuls éléments détachés par pression correspondent à des témoignages allochtones, supports légers en obsidienne, et, à partir de la fin du V e millénaire avant notre ère, grandes lames de silex obtenues au levier (mode 5 : Pelegrin, 2012), selon des procédures éprouvées de longue date dans la zone d'exploitation de ces matériaux (Caucase, Anatolie centrale et orientale). Cette géographie technique constitue une réalité de longue durée qui ne fut jamais profondément-et définitivement-remise en cause : ainsi, la « frontière » entre domaines industriels du Proche-Orient méditerranéen et d'Asie du Sud-Ouest semble s'être très tôt stabilisée en Mésopotamie centrale, au sud du Khabour et du Grand Zab. Entre 4300 et 2350 avant notre ère, plusieurs épisodes d'extension de ces traditions peuvent toutefois être rapportés, signalant des consensus techniques précaires (« globalisations » : Valentin, 2008) à l'échelle du monde mésopotamien. À partir des données recueillies sur différents sites de Mésopotamie, cet article propose d'interroger le statut de la frontière technique mise en lumière, entre le VI e et le III e millénaire avant notre ère, entre technocomplexe sumérien au sudrattaché au domaine industriel d'Asie du Sud-Ouest-et technocomplexe cananéen au nord-dont l'organisation techno-économique révèle des affinités évidentes avec les industries du Proche-Orient méditerranéen. En remontant aux racines des systèmes techniques, il nous sera tout à la fois possible de mettre en lumière la stabilité de cette « frontière » et ses mouvements périodiques, alors même que les oscillations perçues au cours des périodes d'Obeid (Obeid récent : fin du VI e-début du V e millénaire avant notre ère), d'Uruk (LC3-4 : deuxième tiers du IV e millénaire avant notre ère) et du Dynastique archaïque III (deuxième tiers du III e millénaire avant notre ère) recouvrent des recompositions sociales et culturelles de plus grande ampleur.