Dirofilarioses canines à Dirofilaria immitis et Dirofilaria repens chez le chien de travail militaire français : enquête de prévalence (2021-2022) et analyse du risque d'introduction de l'agent pathogène en France métropolitaine lors de retours de missions à l'étranger
- Authors
- Publication Date
- Jun 12, 2023
- Source
- HAL-Descartes
- Keywords
- Language
- French
- License
- Unknown
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Abstract
La dirofilariose canine à Dirofilaria (D.) immitis et D. repens est une maladie parasitaire à transmission vectorielle (via les moustiques) au potentiel zoonotique. Dirofilaria immitis est responsable d'une atteinte cardio-pulmonaire et constitue une maladie invalidante voire mortelle pour le chien. Dirofilaria repens passe plus facilement inaperçue (nodules cutanés bénins). Leur distribution et leur prévalence sont en constante évolution ces dernières années dans le monde, notamment du fait des changements climatiques. Les chiens de travail militaires (CTM) sont particulièrement exposés au risque d'infestation par ce parasite : dans le cadre de missions à l'étranger où sont présents les vecteurs compétents et du fait de leur mode de vie, essentiellement en chenil extérieur (en mission mais aussi dans le Sud de la France qui est une zone enzootique). Les CTM infestés peuvent servir de réservoirs du parasite, qu'ils sont susceptibles de propager au sein des collectivités animales et humaines, notamment en retour de mission, notamment s'ils arrivent dans une zone du territoire précédemment indemne (et avec des vecteurs compétents présents), d'où nécessité de mettre en place de mesures de prévention adaptées. Dans un premier temps, afin d'obtenir davantage d'informations sur la prévalence et distribution de D. immitis et D. repens, une enquête épidémiologique à visée descriptive a été menée au sein CTM résidants en France métropolitaine. L'enquête concernait 250 chiens, tirés au sort parmi les CTM identifiés et affectés à un chenil en France métropolitaine. Pour chaque chien, un test de diagnostic rapide (recherche d'antigènes) et un frottis pour une recherche de microfilaires par la méthode Knott modifiée ont été réalisés. Un questionnaire d'enquête a également été administré. Cette enquête a révélé une prévalence d'infestation de 0,4 % pour chaque espèce de parasite (D. immitis et D. repens) et a permis d'obtenir des informations sur les expositions potentielles et les mesures de prophylaxie. Dans un second temps, afin d'évaluer la probabilité d'introduction en France métropolitaine de D. immitis par l'intermédiaire des CTM retournant en France au terme de missions à l'étranger, une approche d'analyse quantitative du risque a été choisie. Dans ce contexte, un arbre de scénarii a été développé visant à décrire les séquences d'évènements nécessaires (défaut de chimioprophylaxie ou d'observance, pression d'infestation...) pour qu'un CTM revienne infecté de mission. Le paramétrage de ce modèle stochastique reposait sur des données issues de l'enquête précédemment décrite, de la littérature scientifique ou bien d'avis d'experts et d'observations de terrain (réalisées en Côte d'Ivoire). Les résultats de cette analyse de risque mettaient en évidence que la probabilité qu'un chien s'infeste en mission sans être détecté au retour (sur une période d'un an) était autour de 6,7 %. En revanche, la probabilité annuelle qu'au moins un chien s'infeste en mission et soit détecté étaient d'environ 0,3 % seulement. Lorsque le chien était déjà infesté au moment du départ en mission, la probabilité annuelle qu'au moins un chien revienne infesté de mission et soit détecté était de l'ordre de 56 %. Ainsi, au terme de ces travaux, les dirofilarioses canines à D. repens et D. immitis semblent bien moins présentes chez les CTM que chez les chiens civils résidant en France. Ceci peut être expliqué par une excellente chimioprophylaxie assortie d'une très bonne observance au sein de cette population. Le risque qu'un CTM soit infesté par D. immitis en retour de mission est non négligeable mais sa détection dépend surtout du moment de l'infestation. Une proportion importante de ces cas ne seraient pas détectés à l'heure actuelle compte tenu des pratiques de dépistage. Ces résultats constituent une base scientifique pour adapter au mieux la surveillance et la gestion de cette parasitose, afin de prévenir les infestations de CTM qui peuvent secondairement jouer le rôle de réservoir et exposer d'autres populations (animales ou humaines).