Devenir des patients âgés de plus de 60 ans admis en réanimation à la phase initiale d’une leucémie aiguë
- Authors
- Publication Date
- Apr 24, 2024
- Source
- HAL-Descartes
- Keywords
- Language
- French
- License
- Unknown
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Abstract
Introduction : les leucémies aiguës sont les hémopathies malignes les plus consommatrices de séjour en service de réanimation. Concernant majoritairement les sujets âgés de plus de 60 ans, elles sont associées à un ensemble de situations pouvant mettre en jeu le pronostic vital, inhérentes à la fois à l’agressivité de ces pathologies et aux toxicités des thérapeutiques utilisées. Peu de données existent actuellement quant au devenir des sujets âgés atteints de leucémie aiguë et admis en réanimation. Les protocoles thérapeutiques actuels permettent pourtant d’espérer des survies prolongées pour cette population à la prise en charge complexe. Dans cette étude, nous nous sommes intéressés au devenir des sujets âgés de plus de 60 ans, et admis en réanimation au diagnostic d’une leucémie aiguë. Méthodologie : cette étude de cohorte monocentrique rétrospective a porté sur 164 patients admis en réanimation à l’Institut Paoli-Calmettes entre Avril 2010 et Octobre 2020, à la phase initiale de prise en charge d’une leucémie aigüe. 139 patients étaient atteints de leucémie aigüe myéloblastique, 10 de leucémie aigüe promyélocytaire et 15 de leucémie aiguë lymphoblastique. 3 groupes de patients ont été distingués selon la présence de critères biologiques institutionnels de « haut risque » de défaillances d’organes/complications (thrombopénie < 50G/L et hyperleucocytose > 50G/L) et le moment d’apparition d’une défaillance d’organe. Des modèles de régression logistique multiple ont été utilisés pour déterminer les facteurs prédictifs de mortalité intra-hospitalière, à J90 et 1an du diagnostic. Résultats : pour les patients atteints de LAM, les taux de mortalité intra-hospitalière, à J90 et à 1 an étaient de 37%, 42% et 60% respectivement. Les facteurs associés à la mortalité intra-hospitalière étaient l’index de comorbidités de Charlson, la nécessité d’un recours à la ventilation mécanique invasive et la défaillance multi-viscérale. Les patients présentant des critères biologiques de haut risque avaient une mortalité intra-hospitalière similaire à ceux présentant une défaillance d’organe immédiate. Les caractéristiques cytogénétiques et moléculaires de la pathologie onco-hématologique n’impactaient pas la mortalité précoce des patients. A 1 an toutefois, le risque ELN 2017 devenait significativement associé à la mortalité. Le sexe masculin, l’âge au diagnostic et le recours à une ventilation mécanique invasive étaient eux-aussi prédictifs d’une surmortalité (Figure 3). Conclusion : notre étude démontre la faisabilité d’une prise en charge en réanimation des sujets âgés de plus de 60 ans à l’induction d’une leucémie aigüe. Elle affirme l’implication des caractéristiques du patient (âge, comorbidités) et de la sévérité des défaillances d’organes sur la mortalité à court terme. Elle met en évidence l’impact des caractéristiques cytogénétiques et moléculaires de l’hémopathie maligne sur la mortalité à long terme et son absence sur la mortalité précoce. Elle confirme l'intérêt de critères biologiques particuliers quant à la possibilité d’une admission préemptive en soins critiques de malades non défaillants mais à haut risque de développer précocement des complications à la phase initiale.