Cryptosporidium parvum et microbiote intestinal : une piste de recherche de nouvelles thérapies alternatives.
- Authors
- Publication Date
- Sep 16, 2024
- Source
- HAL
- Keywords
- Language
- French
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- Unknown
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Abstract
La cryptosporidiose est zoonose à l’origine de diarrhées chez l’Homme et chez l’animal notamment les jeunes ruminants. Elle est provoquée par des protozoaires à apicomplexe intracellulaires mais extracytoplasmiques dépendants de la cellule parasitée pour leur métabolisme, isolés des voies de délivrance de molécules actives et de la réponse immunitaire de l’hôte, et très résistants dans l’environnement. Il n’existe pas présentement de thérapies complètement efficaces disponibles aussi bien chez l’homme que chez l’animal. En étant impliquée dans la prévention et le traitement des diarrhées néonatales à Cryptosporidium chez les jeunes ruminants, la médecine vétérinaire joue un rôle crucial dans la limitation de la contamination environnementale par les oocystes parasitaires.Le microbiote intestinal est impliqué dans de nombreuses fonctions de l’organisme, car certaines molécules produites dans l’intestin passent dans la circulation sanguine et peuvent atteindre tous les organes y compris le cerveau. Le microbiote intestinal joue un rôle fondamental dans la digestion. Il dégrade les aliments complexes que l’organisme est incapable de digérer seul. Un autre rôle majeur est de protéger l’organisme des différents pathogènes en réagissant avec le système immunitaire.La perturbation du microbiote intestinal par Cryptosporidium a été rapportée chez des souris adultes immunodéprimées, mais aucune étude n’a été faite ni sur les souriceaux ni sur les chevreaux.L'objectif de cette étude est d'évaluer l'efficacité de la levure vivante Saccharomyces cerevisiae (Sc 5 et Sc 3-A) pour prévenir la cryptosporidiose expérimentale chez les chevreaux nouveau-nés infectés expérimentalement par la souche Iowa de Cryptosporidium parvum. Quarante chevreaux mâles âgés de 1 jour (race Alpine) ont été répartis en 4 groupes : 1) le groupe témoin non infecté 2) le groupe témoin infecté 3) le groupe infecté supplémenté avec Sc 3-A 4) le groupe infecté supplémenté avec Sc 5. Cette supplémentation a été effectuée quotidiennement pendant 26 jours. Les groupes infectés ont été inoculés par voie orale avec 106 oocystes de la souche Iowa de C. parvum. La supplémentation en levures vivantes a permis d'améliorer l'hydratation des animaux, de réduire l'intensité et la durée de la diarrhée et de l'infection. La supplémentation en Sc 5 a été plus efficace que la supplémentation en Sc 3-A pour maintenir la température des animaux dans une fourchette physiologique, pour améliorer le gain de poids quotidien et l'état général des animaux (score de santé et score de déshydratation). La supplémentation par les deux levures n'a pas retardé l'apparition de la diarrhée. L'examen histologique effectué 6 jours après l'infection a révélé des stades parasitaires et des changements microscopiques principalement limités à l'iléon. La supplémentation alimentaire en levuresvivantes (Sc 5) module de manière bénéfique le profil du microbiote intestinal, directement ou indirectement, de telle sorte que la prolifération de C. parvum est défavorable pendant la période néonatale. Ces résultats indiquent que la supplémentation alimentaire en levures vivantes, principalement par Sc 5, réussit à prévenir la diarrhée et à restaurer la dysbiose. Par conséquent, l'utilisation d'une supplémentation en levures vivantes dans l'alimentation des ruminants pourrait être une méthode alternative intéressante pour lutter contre cette parasitose.