Acétate de cyprotérone et méningiomes : point bibliographique, réglementaire et étude rétrospective de patients pris en charge à l’hôpital neurologique du CHRU de Nancy
- Authors
- Publication Date
- Jan 01, 2022
- Source
- HAL-Descartes
- Keywords
- Language
- French
- License
- Unknown
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Abstract
Les méningiomes sont des tumeurs du système nerveux central, catégorisées en 3 grades regroupant 15 sous-types. Les principaux facteurs de risque sont l’âge, le genre féminin, les radiations ionisantes, l’ethnicité, des facteurs génétiques, des pathologies concomitantes, dont la neurofibromatose et plusieurs pathologies de type hormonal. Les traitements habituels sont la chirurgie, la radiothérapie ou un traitement conservateur par surveillance clinico-radiologique. L’acétate de cyprotérone, principalement commercialisé sous le nom d’ANDROCUR®, est un stéroïde à l’activité progestative et anti-androgène. Il est principalement indiqué chez la femme pour la prise en charge des hyperandrogénies (notamment l’hirsutisme) et, chez l’homme, en traitement palliatif du cancer de la prostate. La première AMM a été obtenue en 1980. ANDROCUR® était le premier médicament hormonal à l’origine d’une alerte sur le risque de méningiome dès 2007, sur la base de déclarations de pharmacovigilance et d’articles de la littérature. Les travaux à ce sujet du Pr. S. FROELICH étaient présentés au congrès européen d’endocrinologie en 2008. Depuis, des mesures ont été prises en France et au niveau européen avec notamment la création de recommandations de prescription de l’acétate de cyprotérone et sur la nécessité d’un dépistage par IRM des patient(e)s exposé(e)s à long terme. Les conséquences médiatiques ont été importantes, impliquant des associations spécifiques au soutien des patients « victimes » d’ANDROCUR® et mettant en cause le rôle du laboratoire Bayer, détenteur de l’AMM d’ANDROCUR®. Dans le cadre de ce signal maintenant bien établi, nous avons mené un travail d’analyse d’une série de cas de méningiomes de patientes traitées par l’acétate de cyprotérone et diagnostiquées ou suivies par le département de neurologie du CHRU de Nancy. Notre série porte sur 21 patientes toutes ayant été traitées par ANDROCUR®, sauf une traitée par acétate de nomégestrol (LUTENYL®), un autre progestatif. Les principaux symptômes rapportés étaient des troubles de la mémoire, des céphalées et des troubles visuels bilatéraux. La localisation principale des méningiomes était au niveau de la convexité. Une amélioration clinique à l’arrêt du progestatif était majoritairement observée, avec en général une amélioration ou une stabilisation des volumes des méningiomes en imagerie. Nos résultats, bien que provenant d’un échantillon limité, sont en adéquation avec les récentes données de la littérature, notamment celles des enquêtes des CRPV de Paris et Strasbourg sur ce sujet. Depuis l’alerte initiale concernant ANDROCUR®, les données de pharmacovigilance indiquent un risque pour d’autres progestatifs tels que l’acétate de nomégestrol et l’acétate de chlormadinone, pris également au long cours. La problématique qui en émerge est de réussir à proposer des solutions thérapeutiques alternatives aussi efficaces et à moindre risque.