Les cancers ne sont pas des maladies récentes. Voilà des millions d’années qu’ils existent, allant même jusqu’à importuner les grands animaux du Mésozoïque. L’étude des dinosaures a montré qu’eux aussi pouvaient développer des cancers.
Un article de 2003 cherche à en savoir plus sur l'occurrence de ces tumeurs chez des animaux datés de millions d’années. L’étude montre que les dinosaures n’étaient, eux non plus, pas tous égaux face à la maladie. En examinant plus de 10 000 fossiles de vertèbres appartenant à 700 individus par fluoroscopie, une technique d’imagerie, ils ont cherché à définir quels dinosaures étaient soumis aux cancers.
Les grands malchanceux de cette étude sont les Hadrosauridés. Ce sont des dinosaures herbivores à bec de canard que l’on trouvait en Amérique du Nord, en Asie et en Europe au Crétacé, il y a environ 100 millions d’années. A cette époque la Terre était aussi peuplée d’ankylosaures, de pachycéphalosaures, de tricératops, ou encore de T-rex. Mais parmi le défilé de dinosaures observables à cette époque, les Hadrosauridés étaient nettement plus soumis aux cancers que les autres dinosaures. Les vertèbres caudales de beaucoup de membres de cette famille étaient attaqués par la maladie, alors que le nombre de tumeurs chez les autres dinosaures étudiés (stégosaures, ankylosaures, sauropodes, théropodes) reste très faible.
Comme chez les humains actuels, les raisons de ces tumeurs sont des sujets à controverse. La question ici est de savoir pourquoi seule une famille précise de dinosaure est soumise à cette pathologie. Leur régime alimentaire est proposé en tant que coupable ; des restes fossiles rares d’estomacs ont montré que les Hadrosaures se nourrissaient de conifères. Or, il semblerait que ce soient les seuls dinosaures à en ingérer. Une autre piste viendrait de la physiologie des Hadrosaures, qui possédaient une structure osseuse différente, inexistante chez la plupart des dinosaures.
Les études de cancers chez les dinosaures du Crétacé ont une utilité pour comprendre comment les dinosaures ont disparu. En effet, certaines hypothèses supposent que la disparition des dinosaures est en partie dûe à un flux de rayons cosmiques, qui irradirait tous les 62,3 millions d’années tout ce qui se trouve sur terre. Un bon moyen de vérifier cette hypothèse est de comparer le nombre de cancers entre les dinosaures de cette époque et les vertébrés actuels : les radiations entraînant des cancers, si l’hypothèse est vraie, alors les dinosaures du Crétacé avaient plus de cancers qu’aujourd’hui. Mais en comparant le taux de cancer entre les dinosaures et les vertébrés modernes, les chercheurs n’ont observé aucune différence notable, ce qui infirme l’hypothèse de radiations cosmiques. Nous voilà rassurés, nous n’aurons pas à nous préoccuper d'une hausse de cancers dans 60 Millions d’années !