La voiture est devenue un indispensable de nos vies. Pour les vacances, les week-ends, pour faire ses courses, et bien sûr pour aller au travail. Malgré le prix de l’essence, de l’entretien et des bouchons constants, elle reste le transport de base de beaucoup de personnes. Rosemary Hiscock a tenté avec quelques collègues, dans une étude de 2003, de comprendre pourquoi la voiture est autant utilisée. La réponse à cette question, vous la connaissez : plus d’autonomie et de confort que dans les transports en communs, et évitement des retards et des annulations de ces derniers. Conduire donne une sensation de praticité et fiabilité, de prestige, de compétence, d’habileté et de masculinité. Pourtant, la voiture est un moyen de transport individuel, qui émet bien plus de gaz à effet de serre que les moyens de transports collectifs. Avec la sortie alarmante du dernier rapport du GIEC, il devient d’une importance plus que capitale de laisser tomber nos véhicules à quatres roues.
Jakarta, la capitale de l’Indonésie, est l’une des villes les plus polluées au monde. Les principaux acteurs de cette pollution sont, vous l’avez sans doute deviné, les véhicules motorisés. Pour tenter de pallier à ce problème, le gouvernement a proposé de faire des journées sans voitures, la première fois en 2007. Une étude de 2019 des docteures Heidy Rachman et Lita Barus de l’université d’Indonésie ont étudié les impacts de telles journées sur l’environnement, mais pas que. Les journées sans voitures ont en effet plusieurs avantages : améliorer la qualité de l’air bien sûr, mais aussi minimiser l’utilisation des véhicules privés et faire campagne pour les transports publics.
Afin d’interpréter les résultats, les niveaux de PM10, dioxyde de soufre, monoxyde de carbone, ozone et dioxyde d’azote ont été mesurés. Dans un second temps, une enquête a été ouverte pour mesurer la satisfaction des participants sur cette journée sans voitures.
La surprise est totale lorsque les chercheurs réalisent qu’en termes d’effets sur l’environnement, la journée sans voiture ne semble pas avoir eu un énorme succès. Cela s’explique néanmoins par la façon dont cette journée a été proposée ; les voitures n’étaient pas interdites dans toute la ville, seule une route a été fermée pour quelques heures. Les habitants ont pour la plupart seulement emprunté un autre chemin. Cependant, les effets à plus long terme seraient bénéfiques pour la santé, c’est pourquoi maintenir dans la durée une diminution de la quantité de voitures entraînerait un mode de vie plus sain. De plus, à Jakarta, où les vendeurs de rue sont nombreux, une journée sans voiture augmente les passages des riverains et leur permet de ne pas être dérangés par les véhicules ; la rue appartient aux piétons.
Les journées sans voiture sont des éléments ponctuels, voire inexistants dans certaines villes. Mais l’urgence climatique impose un changement radical de nos modes de vie. Pourtant il reste beaucoup à faire pour que ces journées deviennent un quotidien, surtout en terme d’amélioration des transports publics : en effet il est inenvisageable de demander à toute une population de perdre le confort, la sécurité et l’accessibilité que la voiture propose, d’où l’importance de travailler ces éléments sur les transports en commun, et de rendre ces derniers attractifs, efficaces et peu coûteux.
Ellaway, A., Macintyre, S., Hiscock, R., & Kearns, A. (2003). In the driving seat: psychosocial benefits from private motor vehicle transport compared to public transport. Transportation Research Part F: Traffic Psychology and Behaviour, 6(3), 217-231.
Rachman, H. O., & Barus, L. S. (2019). Impact of Car-Free Day on Air Pollution and Its Multifarious Advantages in Sudirman-Thamrin Street, Jakarta. International Journal, 17(62), 167-172.