La table ronde de la soirée spéciale Knock Knock Doc a été l’occasion d’interroger la relation art-science. Réalisateur, artiste, chef de projets art-science et rédacteur nous ont donné leur avis sur cette approche transdisciplinaire qui donne un nouvel éclairage à la science.
Une soirée spéciale organisée le 24 avril dernier marquait la fin de la première saison de la web-série Knock Knock Doc – la parole aux doctorants. Pour continuer le débat ouvert par ce docu-fiction sur le doctorat, une table ronde a réuni différents professionnels pour parler de leur vision de l’approche art-science : Ronan James, chargé du projet les Bulles du Labo, bande-dessinée sur le doctorat ; Olivier Seror, réalisateur de Panexlab, film sur le rêve réalisé avec les conseils d'un chercheur ; Florian Delcourt chargé de mission pour S[Cube] travaillant sur ArtScienceFactory ; Jade Bouchemit, rédacteur en chef d’Oscillations une revue transdisciplinaire ; et Dominique Gonin Peysson, plasticienne et doctorante dont les travaux de recherche portent sur la thématique art-science. A travers leurs expériences, ils témoignent d’une approche transdisciplinaire qui interroge différemment la science.
Table ronde art science pendant la soirée spéciale Knock Knock Doc – Crédit image : MyScienceWork
De la transdisciplinarité à la rencontre
Si le terme art-science est aujourd’hui très à la mode, ses limites ne sont pas encore bien établies. Pour Jade Bouchemit « tant qu’on n’aura pas bien défini l’expression art-science, elle pourra être utilisée à tort et à travers ». Le concept désigne un courant de collaboration entre artistes et scientifiques ou de travail limitrophe entre l’art et la science. Ces collaborations existent même sans porter la désignation art-science. Olivier Seror nous confiait même « [n’en avoir] jamais entendu parler avant. Par contre, la transdisciplinarité c’est quelque chose que j’applique aussi bien dans la vie que dans mon travail » ajoute le réalisateur, ancien étudiant en médecine. La définition que la table ronde semblait retenir de l’art-science était celle d’une rencontre entre plusieurs univers.
« Beaucoup mettent en avant la transdisciplinarité mais peu la pratiquent » regrette Jade Bouchemit. Dominique Gonin Peyson, ancienne chercheuse devenue artiste, rappelait qu’« utiliser un outil d’un domaine dans un autre c’est ce qui a permis de créer des théories très puissantes qui ont résisté dans le temps ». Dans sa vision de la relation art-science qu’elle étudie aujourd’hui en thèse, « l’artiste permet de sortir des sentiers battus et d’acquérir de nouveaux réflexes de pensée. Il arrive à représenter les choses qu’on arrivait pas à se représenter avant ». Pour aller plus loin que les représentations conventionnelles et donner un éclairage nouveau à la science, l’artiste bouscule les codes.
"les artistes non pas à être exacte vis à vis de la science qd ils s expriment" jade bouchemit, rédaction chef de la revue oscillations #kkd
— Cécilia Untereiner (@Cecilia_Utn) 24 avril 2013
« L’art science est un outil à penser » Ronan James
Majoritairement les relations art-science se font dans le sens où l’art apporte un éclairage différent à la science. Rarement dans l’autre sens. Ronan James explique que pour le projet Les bulles du labo, il a « pris le laboratoire de recherche comme un objet culturel sur lequel on peut faire de la médiation ». En ce sens, l’artiste va porter un regard autre que celui scientifique sur la science.
Florian delcourt "art et science, l'artiste symbole du citoyen qui divulgue une expression de la science, et pose des questions" #kkd
— Cécilia Untereiner (@Cecilia_Utn) 24 avril 2013
Un citoyen certes, mais qui maîtrise les modes d’expressions. Dominique Gonin Peyson va plus loin « l’artiste ne va pas juste exprimer la science, il va aussi l’interroger. Il va donner à travers son travail un avis de la société ».
"Il faut que la société puisse suivre l'évolution des idées scientifiques, les artistes ont les moyens d'offrir cette ouverture" #KKD
— MyScienceWork (@MyScienceWork) 24 avril 2013
L’artiste aurait donc une expertise supplémentaire par rapport au public et aux professionnels de la médiation et de la vulgarisation scientifique. Pour Dominique Gonin Peysson « on souhaite souvent définir des choses pour les rendre plus simples. L’artiste ne va pas forcément chercher à simplifier mais va redonner à vivre la complexité de la science ». Olivier Seror témoigne « ce qui a été structurant pour mon projet de film, c’est d’interroger le rationalisme par l’irrationalisme et vice versa. Les idées sont dans l’air, les artistes et les scientifiques vont saisir les mêmes idées mais en faire quelque chose de très différent ».
Un réalisateur qui retrouve le sujet de son film dans un projet de recherche de Berkeley, une preuve que "les idées sont dans l'air" #KKD
— MyScienceWork (@MyScienceWork) 24 avril 2013
Tous s’accordent sur l’importance du partage entre l’art et la science.
L'important c'est la rencontre de la créativité scientifique vs artistique. Avec pour seul but: partager #KKD
— Bourboulou Romain (@bouromain) 24 avril 2013
Tout au long de la saison 1 de la web-série Knock Knock Doc la rencontre a été fructueuse puisque aussi bien les doctorants que le réalisateur et l’acteur de la série sont sortis heureux de cette collaboration. En attendant les futurs épisodes de la saison 2 en septembre, vous pouvez revoir la première saison sur MyScienceWork.
Pour aller plus loin :
« Art et Science : L’art vu par l’œil d’un physicien, Jean-Marc Lévy-Leblond » sur MyScienceWork
« Knock Knock Doc vu de l’intérieur » sur MyScienceWork