This article also exists in English: Science Pops Open, Ep. 12: A Depressed Sense of Smell?
L’odeur du café qui réveille vos sens le matin, celle des petits plats de vos parents qui vous ramènent à l'enfance… Quoiqu’il puisse sembler aller de soi, le sens de l’odorat humain remplit un rôle particulier de par ses connexions étroites avec la mémoire et les émotions dans le cerveau. Les personnes souffrant de dépression peuvent ainsi rencontrer des problèmes d’odorat ou d’olfaction, comme une sensibilité amoindrie aux odeurs ou une incapacité à apprécier les odeurs normalement agréables. L’olfaction est aussi l’une des voies les plus directes par lesquelles les informations vitales de notre environnement arrivent au cerveau - par exemple la présence de nourriture, le danger (imaginez une fuite de gaz) et les signaux sociaux, ce qui nous permet d’y répondre rapidement, consciemment ou non. La perte de cette capacité dans le cadre de la dépression, ajoute un handicap comportemental à une situation de vulnérabilité préexistante.
Kalliopi Apazoglou cherche à comprendre les relations entre l’olfaction et les troubles de l’humeur, encore peu étudiées. Comme les émotions et l’olfaction activent les mêmes zones du cerveau, la chercheuse souhaite savoir si une dysfonction de ces zones en cas de trouble de l’humeur provoque des changements dans la façon dont les odeurs sont perçues. Ses données préliminaires, issues d’imageries cérébrales de patients, révèlent que lorsque des personnes souffrant de dépression sévère sentent les odeurs, l’activité d’une zone spécifique du cerveau est amoindrie, comme si la réponse aux odeurs était émoussée. Mais existe-t-il des parallèles entre fonctions olfactives, traits de personnalité et états émotionnels ? Pour le savoir, la chercheuse mesure la réaction des patients à différentes odeurs et les étudie en corrélation avec les résultats de questionnaires comportementaux. Elle a par exemple trouvé que l’anxiété et la réactivité émotionnelle ont un impact conséquent sur la façon dont les personnes évaluent l’agréabilité des odeurs, amplifiant le plaisir ou le déplaisir. L'objectif de Kalliopi Apazoglou est de découvrir les mécanismes sous-jacents qui influent sur l’olfaction et les troubles de l’humeur. Elle espère ainsi contribuer à améliorer tant la prévention que le diagnostic de la dépression, maladie pouvant toucher jusqu'à 20% de la population mondiale.
Autres épisodes de Science Pops Open :
Episode 1 – "Votre corps peut se défendre contre le cancer. Il lui faut juste un coup de pouce !", avec Margot Cucchetti
Episode 2 – Un regard d’ethnographe pour améliorer la gestion des situations de crises et de conflits, avec Ruben Andersson
Episode 3 - Retomber sur ses pieds après un tremblement de terre, avec Anna Reggio
Episode 4 - La maladie du sommeil : ue symphonie à interrompre, avec Fabien Guegan
Episode 5 - Optimiser le système de protection sociale pour plus d'égalité, avec Sean Slack
Episode 6 - En attendant l'équilibre : les adolescents et leur cerveau, avec Kiki Zanolie
Episode 7 - En attendant la sécheresse ou la montée des eaux, avec Luciano Raso
Episode 8 - Comme un air de tempête sur l'Europe, avec Bogdan Antonescu
Episode 9 - Apprendre à affronter ensemble le changement climatique, avec Sandrine Sidze
Episode 10 - Nourrir les enfants des bidonvilles, avec Sophie Goudet
Episode 11 - Humains jusque dans nos finances, avec Jeroen Nieboer
Episode 13 - Le changement climatique porté par un ruban d'air, avec Nikolaos Bakas
Episode 14 - Comme un air de métro, avec Fulvio Amato
Episode 15 - Prédire l'avenir compliqué de nos écosystèmes complexes, avec Phillip Staniczenko
Episode 16 - De la maladie d'enfance aux antibiotiques innovants, avec Agata Starosta
Episode 17 - Des poisons et des plantes : mesurer la contamination de notre environnement, avec Natalia Ospina-Alvarez
Episode 18 - La Voix de la tempête, avec Emiliano Renzi