Depuis quelques années, les régimes végétariens et végétaliens sont de plus en plus connus et reconnus. On estime à environ 5% le total de la population mondiale qui aurait adopté ce type d’alimentation, et particulièrement chez les jeunes générations en Europe, pour des raisons de santé ou environnementales. Elliot Page, Joaquin Phoenix ou encore Greta Thunberg sont autant de célébrités véganes. L’Espagne est un pays qui a des attitudes très positives envers les régimes végétariens et végétariens, en particulier en termes de goûts et de plaisirs. Mais quelles sont exactement les conséquences de tels régimes ?
Une étude récente de Complementary Medicine Research rassemble des chercheurs et chercheuses du monde entier afin de faire une synthèse des connaissances et des découvertes sur cette question.
Effets néfastes des produits animaux
Il n’est plus à prouver que l’alimentation joue un rôle majeur sur la santé des personnes. Le surpoids, l’obésité ou encore le diabète de type 2 sont en augmentation dans les pays industrialisés. D’autres études tendent à montrer que l’hypertension, la démence, la dépression sont aussi liés à l’alimentation, d’où l’importance d’étudier les différents régimes alimentaires et leurs conséquences. Parmi les aliments soupçonnés de jouer un rôle, le lait de vache, qui est un composant alimentaire majeur dans la population occidentale, semble de plus en plus avoir un lien avec le diabète de type 2.
De plus, dans le cas de la viande, les animaux destinés à l’alimentation sont exposés à des maladies qui peuvent se transmettre à l’homme. La salmonellose ou la campylobactériose sont des exemples de bactéries qui se transmettent aux humains par le biais des aliments.
Régime méditerranéen
Le doute ne semble plus trop permis, un régime à base de plantes est plus sain. Ces modes d’alimentations sont systématiquement associés à une diminution du nombre de crises cardiaques ainsi qu’à leur gravité. Parmi la diversité de possibilités, le régime méditerranéen a fait ses preuves. Il est composé d’une abondance de fruits et légumes, de beaucoup de pain et d’autres formes de céréales, de légumineuses, de noix et de graines, avec comme principale source de graisses l’huile d’olive. Il comprend aussi une quantité modérée de produits laitiers, de faibles quantités de poisson et de volaille, et des quantités encore plus faibles de viande rouge et de vin. Ce modèle alimentaire est associé à un vieillissement du cerveau très lent, et à un risque plus faible de démence cognitive.
Mais et les carences en fer ? en B12 ? En protéines ? Le chercheur François Mariotti de l’Institut de Technologie du Vivant, de l’Alimentation et de l’Environnement souligne que les aliments riches en protéines, tels que les légumineuses, les noix et les graines, sont de loin suffisants pour atteindre un niveau protéique correct. De plus, un régime végétalien a le potentiel de satisfaire aussi les besoins des plus jeunes enfants en énergie et en nutriments. Certaines recherches prônent l’utilisation d’une liste de contrôle pour vérifier l’apport de tous les nutriments nécessaires.
Une place en médecine
De manière générale, la thérapie nutritionnelle prend de plus en plus de place dans la médecine moderne. Pas étonnant, quand on sait qu’une alimentation optimisée à base de plantes réduit le poids des organes et permet un taux de rémission du diabète non négligeable. En Allemagne, l’assureur public BKK ProVita, l'Institut allemand des hôpitaux et la société de conseil a'verdis proposent un guide pour la mise en œuvre d’une alimentation à base de plantes dans les hôpitaux et autres établissements de santé, le but à long terme et de permettre à tous les hôpitaux d’Allemagne de proposer cette alimentation, à la fois pour le personnel et pour les patients. Un tel menu est aussi prévu à la cantine du centre olympique de Berlin.
L’avancée en médecine sur les causes et conséquences de l’alimentation prend tout son sens, et l’OMS reconnaît que les maladies chroniques liées à la nutrition sont les principales sources de comorbidités, mortalités et de coûts élevés de soins de santé dans le monde. Un bon investissement dans la nutrition pourrait sauver 3,7 millions de vies d’ici 2025. C’est pourquoi il est plus qu’urgent de former des professionnels de santé sur la question.
“Un bon investissement pourrait sauver 3,7 millions de vies d’ici 2025”
Cependant certains chercheurs parlent de troubles du comportement alimentaire : certaines personnes prennent comme un “devoir” de ne manger que de la nourriture saine et refusent tout ce qui est malsain, ce qui peut être associé à un trouble alimentaire. Des études sont en cours pour étudier les conditions de cette focalisation compulsive. Croyances morales, peur de perte de contrôle, type de personnalité compulsif, exigence perfectionniste, sentiment d’appartenance ? Le futur nous éclairera.
Quoi qu’il en soit, le système alimentaire mondial a d'importantes répercussions directes et indirectes sur la santé humaine, le bien-être des animaux et la durabilité environnementale. C’est l'un des principaux moteurs de l'évolution de l'environnement mondial, notamment le changement climatique, la dégradation des sols, la perte de biodiversité et d'habitats, et la déforestation, qui ont à leur tour des répercussions importantes sur la santé humaine. En outre, la production alimentaire a un impact direct sur le bien-être de milliards d'animaux d'élevage et sauvages. D’où l’importance de notre mode d’alimentation.