PeerJ : ça bouge dans l’Open Access

Une nouvelle revue mais surtout un nouveau modèle d’Open Access

Nous avons assisté cette semaine à la naissance d’un nouveau membre dans la famille de l’Open Access. Sur un modèle sensiblement différent de celui de ses frères et sœurs, PeerJ est une revue en ligne portant sur la recherche en biologie et la recherche médicale. Les frais de publication des articles sont remplacés par une somme unique et peu élevée, qui offre aux auteurs un certain nombre de droits de publication à vie dépendant de l’abonnement souscrit. Vous êtes invités à poursuivre cette lecture pour en savoir plus sur son fonctionnement et découvrir en quoi PeerJ représente une avancée pour l’Open Access. 

Nous avons assisté cette semaine à la naissance d’un nouveau membre dans la famille de l’Open Access. Sur un modèle sensiblement différent de celui de ses frères et sœurs, PeerJ est une revue en ligne portant sur la recherche en biologie et la recherche médicale. Les frais de publication des articles sont remplacés par une somme unique et peu élevée, qui offre aux auteurs un certain nombre de droits de publication à vie dépendant de l’abonnement souscrit. Vous êtes invités à poursuivre cette lecture pour en savoir plus sur son fonctionnement et découvrir en quoi PeerJ représente une avancée pour l’Open Access. 

 

Cet article est une traduction de « PeerJ: Innovation in Open Access ». Il a été traduit de l’anglais vers le français par Julia Troufflard.

Logo PeerJ

Le 11 février, l’univers de la publication scientifique a connu un nouveau bouleversement avec la mise en ligne des 30 premiers articles de PeerJ. Il ne s’agit pas d’une revue au sens traditionnel du terme, mais d’une plateforme en ligne à comité de lecture, dédiée à la publication d’articles en Open Access dans le domaine de la recherche en biologie et de la recherche médicale. A l’instar de PLOS ONE, la ligne éditoriale de PeerJ recommande de juger les articles soumis à la revue uniquement en fonction de leur scientificité et non sur leur impact potentiel. 

Bien que PeerJ adopte un modèle existant, celui de la « voie dorée », son financement est inédit dans le domaine de l’Open Access. De fait, trois catégories d’abonnements individuels offrent des privilèges de publication distincts (ex : nombre d’articles par an) et surtout le système s’articule autour d’un abonnement à vie pour les auteurs, réglé en une fois. Les tarifs s’échelonnant de 99 $ (74 €) à 299 $ (224 €), ils ne devraient pas trouer le porte-monnaie du chercheur. Résultat : des publications d’articles scientifiques  abordables, pérènnes et gratuites pour les lecteurs.

Le seul « hic » de ce modèle d’abonnement, comme le souligne le cofondateur Peter Binfield, est que tous les auteurs d’un même article doivent être des membres payants du site.

Pour répondre à ceux qui trouveraient que c’est « trop beau pour être vrai », l’entreprise assure qu’elle y trouve son compte quand différents facteurs sont pris en compte : les articles de recherche comportent en général plusieurs auteurs (possédant par conséquent un compte payant chacun), certains chercheurs publieront moins que d’autres, ou dans plusieurs revues, et les coûts de publication PeerJ sont simplement moins élevés que ceux des maisons d’édition traditionnelles.

 

L’équipe PeerJ

 

L’enthousiasme suscité par le modèle de publication Open Access inédit de PeerJ se voit renforcé par le fait qu’à sa tête se trouvent quelques poids lourds de l’Open Access et de l’édition. Peter Binfield a déjà une longue carrière dans la publication académique derrière lui. Il occupait il y a peu le poste de rédacteur en chef chez PLOS ONE. Quant à Jason Hoyt, cofondateur et directeur de PeerJ, il était directeur scientifique et vice-président de la recherche-développement chez Mendeley, le réseau académique et gestionnaire de références bibliographiques qui aide les scientifiques à organiser leur travail et leurs collaborations. Les deux co-fondateurs ont été rejoints au conseil d’administration par Tim O’Reilly, éditeur, visionnaire technologique et défenseur de l’Open Access.

Ces trois membres du conseil d’administration s’associent à près de 800 universitaires qui feront partie du comité de rédaction de PeerJ. C’est eux qui se chargeront, un article après l’autre par personne, de chercher des pairs pour évaluer les travaux, de superviser le processus de révision et de prendre les décisions de publication en dernier lieu. Le comité scientifique de Peerj, composé de 20 chercheurs de renom (dont cinq prix Nobel), sera là pour aiguiller et apporter le soutien nécessaire à PeerJ dans sa mission.   

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*Si vous aimez les revues Open Access dans le style de PLOS, ceci risque de vous intéresser : le lancement de PeerJ tmblr.co/ZhEPVwd_FF7M

  

L’esprit Open Science

 

Au-delà de son système de tarification unique et du soutien de grands noms, PeerJ se distingue aussi par son allégeance à l’esprit Open Science. « Les pairs seront encouragés a révélé leurs identité », peut-on lire sur le site, et les auteurs pourront choisir de publier les commentaires des pairs et leurs propres réponses à ceux-ci à côté de l’article. Tous les contenus publiés seront soumis à une licence CC-BY 3.0 : téléchargement, partage et modifications autorisés à condition que le nom de l’auteur de l’article original soit mentionné.

Par ailleurs, le processus promet d’être rapide, entre l’évaluation des résultats, leur utilisation et l’amélioration de ceux-ci. Le paléontologue Mike Taylor précise dans The Guardian que son article a été validé par des pairs, corrigé, qu’il a passé trois fois les vérifications et qu’il a été publié sur PeerJ le jour de son ouverture, et ceci en moins de trois mois. « Il s’agit de loin mon article le plus rapidement traité. Il n’est pas rare que cela prenne plus d’un an. »

Une fois qu’un article de recherche a été publié, il sera indispensable qu’il soit pris en compte par le reste de la communauté, qu’elle l’étudie et donne son avis. Afin d’encourager ce processus, la revue demande à tous ses membres de participer au minimum à une révision par an, ce qui va d’un simple commentaire sur un article, à une révision de prépublication.

PeerJ Logo 

PeerJ

D’autres atouts en réserve…

 

En mars prochain, PeerJ lancera son service d’hébergement de pré-publication : PeerJ PrePrints. L’entreprise incite les scientifiques à « éviter les erreurs, vérifier que leur sujet n’a pas déjà été traité et accepter des changements utiles » en publiant leur article avant qu’il ne soit mis en ligne. D’autres options permettent aux auteurs de décider quelle partie de leur travail sera visible à ce stade et par qui.

En allant plus loin dans l’idée de la « recherche à la portée de tous », le co-fondateur Jason Hoyt a expliqué au Scientific American que l’un des objectifs à long terme de PeerJ est de rendre les revues scientifiques plus attrayantes aux yeux du grand public et de les pousser à surfer d’un résultat de recherche à un autre.    

Avec le temps, le modèle PeerJ prouvera sa viabilité et l’entreprise elle-même est la première à admettre que personne ne peut prévoir l’évolution du marché de l’Open Access. Le plus important est de prendre le risque d’imaginer une nouvelle réalité pour la publication scientifique et de tout faire pour que ça fonctionne. Rien n’est définitif, mais, comme l’a dit Stephen Curry à MyScienceWork, « Ne sous-estimez aucun projet dans lequel Peter Binfield est impliqué ».

 

Pour en savoir plus :   

 

« PeerJ: An Open-Access Experiment », de Peter Binfield http://www.educause.edu/ero/article/peerj-open-access-experiment

« How PeerJ is Changing Everything in Academic Publishing », sur Techdirt http://www.techdirt.com/articles/20130210/14302221939/how-peerj-is-changing-everything-academic-publishing.shtml

« Interview with Peter Binfield and Jason Hoyt of Peer J », Confessions of a Science Librarian, avec John Dupuis http://scienceblogs.com/confessions/2012/06/12/interview-with-peter-binfield-and-jason-hoyt-of-peerj/

« PeerJ – the science journal we need and deserve », de Kevin Bonham
http://scienceblogs.com/webeasties/2013/02/12/peerj-the-science-journal-we-need-and-deserve/#.URtmG9lnO3g.twitter

 

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