En France, presque 7% des naissances sont prématurées. Si l'on connaît les conséquences sur le développement des fonctions motrices, cognitives et intellectuelles, on en sait peu sur ce qui les favorise. Les facteurs de risques pouvant engendrer un accouchement précoce tels que la consommation de tabac ou encore le contexte socio-économique ont été analysés dans une étude américaine [disponible sur MyScienceWork].
Des contractions se déclenchent parfois avant le terme d'une grossesse sans raison apparente. Dans certaines situations délicates, provoquer un accouchement prématuré peut être nécessaire pour sauver la mère et/ou son bébé. Des chercheurs américains ont récolté et analysé de nombreuses données néonatales afin d'identifier le rôle de différents facteurs tels que la cigarette, le statut socio-économique de la mère ou encore les pathologies placentaires lors des naissances prématurées.
« Les prématurés d'aujourd'hui ne sont plus ceux d'hier »
Le nombre de naissances prématurées, c'est-à-dire survenant avant le 9ème mois de grossesse, soit à moins de 37 semaines d'aménorrhée a augmenté au cours des dernières décennies. Le stress chronique serait un élément important dans la prématurité. Pierre-Yves Ancel, chercheur à l'unité Inserm 953, ajoute que « les femmes qui vivent dans des contextes sociaux défavorisés ont sans doute plus d'enfants prématurés que les autres ». Un autre facteur important est l’accès aux traitements contre l'infertilité. Ceux-ci peuvent plus souvent engendrer des grossesses gémellaires, un autre facteur de naissance prématurée.
L'amélioration des moyens médicaux a participé à l'augmentation du nombre de ces accouchements. En effet, « il y a trente ans, nous n'avions pas les moyens de nous occuper des enfants de 24 ou 25 semaines » précise Pierre-Yves Ancel. De nos jours, une naissance peut être envisagée à partir de 22 semaines, pour sauver la vie de la mère et/ou de l'enfant. En dessous de cette limite, « le risque de séquelles et de mortalité est tellement élevé que les équipes médicales ne prennent pas en charge ces enfants ».
Bébé dort - Esparta
Les facteurs de risque sur la table
« A l'heure actuelle, confie Pierre-Yves Ancel, il est très difficile de prédire une naissance prématurée » même si des facteurs de risques commencent à être identifiés. Une étude américaine d’avril 2013 s’y est intéressée en analysant les données de 1 390 742 registres de naissances établis en Finlande entre 1987 et 2010. L'âge de la mère, son indice de masse corporelle (IMC), ses antécédents médicaux ainsi que des renseignements sur son profil socio-économique, sont quelques-uns des paramètres étudiés. Ces informations anonymes associées au suivi de la vie du bébé de la 22ème semaine prénatale au 7ème jour postnatal ont permis d’obtenir des conclusions probantes. L'âge tardif (au-delà de 35 ans), l'obésité (IMC >30), le tabac, l'alcool, le milieu social favorisant ou pas l’accès aux soins sont autant de facteurs pointés du doigt par l'étude. L'Inserm complète ce point en indiquant dans un récent rapport européen de la santé périnatale que deux caractéristiques, à savoir l'âge tardif (présent dans 19,2 % des cas) et l'obésité (presque 10%), sont d'autant plus préoccupantes qu'elles prennent de l'ampleur au cours du temps. D'un point de vue proprement médical, des pathologies vasculaires-placentaires telles qu'une hypertension, une hémorragie ou une infection du placenta telle qu'une rupture de la poche des eaux ou un travail prématuré augmentent tout autant les risques d'une prématurité.
Chaque future maman a aujourd'hui conscience que son comportement au cours de sa grossesse peut impacter la santé de son bébé. Malgré l’amélioration des connaissances des facteurs de risque, il n’existe encore aucun diagnostic prénatal pour prédire une naissance prématurée. Selon Pierre-Yves Ancel « continuer les recherches pour identifier de manière plus fine les mécanismes complexes de la prématurité » permettrait une prévention et une connaissance plus efficaces de ce phénomène.
En savoir plus :
Les naissances prématurées, aide mémoire n°363, nov. 2012 par l'OMS
Prématurité : un monde à explorer, dossier de l'Inserm