Les risques industriels expliqués par la magie du cerveau. Portrait de Justin Larouzée, finaliste de Famelab France

Le doctorant a remporté le prix du public pour son discours convaincant agrémenté d'une fine touche de prestidigitation

 « Je fais de la magie et de la psychologie. C'est formidable, parce que la magie utilise les mécanismes de notre cerveau, et la psychologie les étudie ». Justin fait disparaître une bague de son doigt, avant d'expliquer à un public attentif le paradoxe de la présence humaine dans les systèmes industriels. Le cerveau humain est capable de trouver des solutions complexes en un temps limité, mais nos réactions ne sont pas toujours les bonnes, et notre attention limitée. Doctorant à l'école des Mines de Paris, Justin Larouzée a remporté le prix du public lors de la finale française du concours de communication scientifique FameLab.

 

 « Je fais de la magie et de la psychologie. C'est formidable, parce que la magie utilise les mécanismes de notre cerveau, et la psychologie les étudie ». Justin fait disparaître une bague de son doigt, avant d'expliquer à un public attentif le paradoxe de la présence humaine dans les systèmes industriels. Le cerveau humain est capable de trouver des solutions complexes en un temps limité, mais nos réactions ne sont pas toujours les bonnes, et notre attention limitée. Doctorant à l'école des Mines de Paris, Justin Larouzée a remporté le prix du public lors de la finale française du concours de communication scientifique FameLab.

Pourquoi parler de science ?

Science et communication, rien de contradictoire pour Justin Larouzée. Fils d'enseignant, il se sent bien à l'école, finit le lycée avec un bac scientifique et des souvenirs de profs géniaux. Il aime la physique, se passionne également pour les sciences humaines, veut faire la fac de psycho. C'est finalement la prépa lui ouvre les bras, et Justin sort diplômé de l'Institut polytechnique LaSalle à Beauvais.

Le jeune ingénieur en géologie ne compte pas s'arrêter là et s'imagine alors étudier la communication, le journalisme, l'architecture. « Je suis convaincu qu'il faut se diversifier a priori, et se spécialiser par ses pratiques, explique-t-il. Avoir un profil pluridisciplinaire donne plein d'atouts. »

La passerelle sera son stage de fin d'étude, réalisé chez EDF au Centre d’ingénierie hydraulique, où Justin travaille toujours aujourd'hui. Il postule à une thèse qui est acceptée par le Centre de recherche sur les risques et les crises à Mines ParisTech et bénéficie d'une bourse CIFRE (Conventions industrielles de formation par la recherche, un dispositif incitant les entreprises à embaucher des doctorants).

Une thèse sur le facteur humain appliqué à la recherche sur les risques industriels

Justin travaille plus précisément sur la contribution des modèles d'erreurs humaines à l'innovation organisationnelle dans la sécurité. Sa mission est d'étudier l'application par les industriels des modèles scientifiques créés pour comprendre et gérer les erreurs humaines, l'impact de ces modèles sur l'industrie, leur efficacité. EDF n'est pas son seul terrain d'étude, le doctorant a en effet été invité à observer les procédures et formations d'autres entreprises françaises.

Il a produit une relecture sous l'angle du facteur humain de plusieurs accidents de barrage notoires, survenus un peu partout dans le monde depuis les années 1950. Des catastrophes dont on identifie surtout les causes techniques : « Il n'y a pas deux barrages qui se ressemblent sur le plan technique ou géologique. Dans les cas que j'ai étudiés, il y a pourtant beaucoup de points communs au niveau humain et organisationnel. »

L'expérience FameLab de Justin

C'est son directeur de thèse qu'il faut remercier pour sa participation : « Il savait que j'étais à l'aise à l'oral, et m'a envoyé un lien vers l'inscription pour le concours, sous-titré 'pas cap'. » Puisque il aime les défis, Justin se dit qu'il va pouvoir s'amuser sans trop se mouiller : « On peut être ludique tout en faisant passer un message. Ce concourt touche du doigt l'essentiel. » Il a fait de sa pratique de la magie une originalité propre à démontrer les lacunes de notre attention. Afin prendre des décisions rapides, on voit souvent ce qu'on s'attend à voir : dans son exemple, une bague immobile semble changer de main.

L'audience de Famelab est convaincue par sa prestation, et le finaliste remporte le prix du public. Ce gain de visibilité plutôt imprévu sert sa démarche : « Avoir une idée, c'est bien, la partager, c'est mieux. Mais si tout à coup quelqu'un vient directement te parler de ton idée, c'est encore mieux. » Le concours lui a permis de rencontrer des gens comme lui, mais différents, de quoi satisfaire son enthousiasme et réveiller son goût pour la communication et l'échange.