Les femmes experts : grandes absentes de la scène médiatique

4 fois sur 5, les experts auxquels les médias font appel sont des hommes

« Seules 19% des interventions dans les JT en France sont réalisées par des femmes. Tous médias confondus, 81% des experts invités à intervenir dans les médias sont des hommes ». Le constat de l’étude Ina Stat 2013 est sans appel : les femmes sont très mal représentées parmi les spécialistes sur la scène médiatique. Un constat qui porte préjudice à la valorisation des femmes expertes et qui biaise l'information diffusée auprès du grand public, alors même que les médias pourraient être un outil précieux pour la promotion d’une plus grande parité dans le monde du travail. 

« Seules 19% des interventions dans les JT en France sont réalisées par des femmes. Tous médias confondus, 81% des experts invités à intervenir dans les médias sont des hommes ». Le constat de l’étude Ina Stat 2013 est sans appel : les femmes sont très mal représentées parmi les spécialistes sur la scène médiatique. Un constat qui porte préjudice à la valorisation des femmes expertes et qui biaise l'information diffusée auprès du grand public, alors même que les médias pourraient être un outil précieux pour la promotion d’une plus grande parité dans le monde du travail.

 

Seulement 2 femmes pour 8 hommes parmi les experts dans les médias. Crédits photo: Knowtex

Plusieurs études, un seul constat. Les médias renvoient l’image d’un monde où la figure intellectuelle de référence dans un domaine spécialisé reste le plus souvent un homme.  L’étude Media Monitoring Project 2010 [en anglais] montre que ce phénomène n’est pas seulement observable en France mais partout dans le monde : « Les femmes sont souvent sous-représentées en tant qu’expertes dans les médias : (Elles) ne représentent que 19% des experts et 18% des porte-paroles ». La France se situe donc dans la moyenne mondiale. Les Etats-Unis s’en sortent un peu mieux avec 69,4% de citations d’intervenants masculins dans la presse écrite et sur les radios publiques et 77% à la télévision, selon l’ étude 2013 du Women’s Media Center [en anglais]. L’avalanche d’études qui se sont penchées sur le sujet ces dernières années est accablante.

Cette disparité entre les femmes et les hommes est d’autant plus grave que les médias sont, par définition, très largement diffusés. Cet écart béant entre intervenants des deux sexes porte donc préjudice à l’image de la femme en tant que figure intellectuelle légitime. Alors même que les médias pourraient constituer un levier pour la promotion de l’égalité des sexes, ces chiffres montrent qu’ils sont aujourd’hui un frein au progrès de la parité. 

 A chaque sexe son domaine

 

Pourtant le monde de l’information « n’est pas complètement hermétique au débat sur la parité », comme le souligne l’étude Ina Stat 2013. La représentation des femmes dans d’autres domaines que celui des intervenants experts est en constante amélioration. « Lorsque que l’on regarde du côté des journalistes, on s’approche de la parité en 2012 » constate le rapport. Les femmes politiques ont également une meilleure visibilité dans les médias. Les chanteuses, comédiennes, réalisatrices aussi. Serait-ce alors une question de domaine ? Toujours selon Ina Stat, le classement des domaines les plus médiatisés chez les hommes et chez les femmes reflète une préconception en matière de genre dans les métiers. Par exemple, les arts du divertissement arrivent en 2nde  position des domaines d’intervention des femmes dans les médias, alors qu’il n’arrive qu’en 6ième position pour les hommes. Le théâtre, le cinéma, la chanson renverraient  l’image d’activités davantage réservées aux  femmes. De la même manière, si le domaine de l’expertise arrive en 3ième position chez les hommes, il ne représente pour les femmes que 1% du total de leurs interventions dans les médias. 

Le problème découlerait donc de la persistance de stéréotypes sur les professions. À l’image du métier d’infirmière, le statut d’expert serait considéré comme une activité typiquement masculine. Une représentation qui ne reflète pas fidèlement la réalité puisqu’en 2009 les femmes représentaient 57% des diplômés de master et 44,8% des doctorants selon le Ministère de l’Education. Il est vrai qu’un déséquilibre existe bel et bien dans le domaine des sciences qui comptent seulement 30% de diplômés de sexe féminin, mais  les filières littéraires contrebalancent ces chiffres avec un quart de diplômés de sexe masculin. Le biais culturel, via l’éducation par exemple, joue un rôle décisif dans la perception des rôles attribués à chaque sexe. Si les chiffres en faveur d’une « paritarisation » dans les faits sont encourageants dans beaucoup de domaines, il semblerait que les mentalités soient plus longues à évoluer. Un décalage illustré par la représentation des femmes dans les médias et ce constat inquiétant : la parole de l’homme aurait toujours davantage de poids que celle de la femme.

 

Cette semaine vous pouvez suivre MyScienceWork en direct du Women’s Forum, le 17 et le 18 octobre à Deauville, en LiveTweet via le hashtag #WF13. 

Le Women’s Forum prend très à cœur le problème de la représentation des experts dans les médias. Leur initiative, Women in Science, propose un programme de media training intensif à l’intention des femmes.  Le but est de leur fournir le savoir-faire pour se mettre efficacement en avant en tant qu’expert auprès des médias.