La science citoyenne est un mode de recherche en pleine expansion. Elle consiste à faire participer le citoyen à un projet de recherche. Dans son rapport « Participation collaborative comme mode de production des savoirs », la Fondation Sciences Citoyennes présente la recherche participative comme un moyen d’engager la science sur des problématiques sociétales.
Cet article existe aussi en anglais « Serve Society through Citizen Science ». Il a été traduit du français vers l’anglais par Timothée Froelich.
La Fondation Sciences Citoyennes (FSC) a publié en avril dernier un rapport sur les pratiques de recherche en sciences participatives. Ce rapport étudie deux approches de la science participative. Une première s’intéresse à des partenariats entre la recherche et des regroupements de citoyens. C’est notamment le principe des boutiques de science. La deuxième approche, plus récente, fait participer le citoyen lambda pour collecter un grand nombre de données pour la recherche. Dans les deux cas, l’étude de la Fondation Sciences Citoyennes constate que la recherche participative rapproche la science de la société.
Crédit image : Fondation Sciences Citoyennes
S’inscrire au sein de la société civile
Un projet fruit de collaborations entre des acteurs de la société civile et des chercheurs répond souvent à une problématique sociétale. C’est le cas par exemple du projet Observatoire des saisons. Les chercheurs ont tissé des partenariats avec des associations comme Tela Botanica. Les membres de l’association ont collecté un grand nombre de données et créé un réseau d’observations phénologiques. Les acteurs de la société civile, que ce soient des associations, des regroupements d’usagers ou des praticiens, participent à des projets de recherche qui partent directement de leurs propres préoccupations. La Fondation Sciences Citoyennes remarque d’ailleurs « Ce processus de production de savoirs […] a mené à une plus grande implication des citoyens dans les orientations de la recherche, notamment concernant ses implications éthiques et environnementales ».
La Fondation Sciences Citoyennes montre aussi que les regroupements de citoyens vont apporter une vision différente de celle du chercheur. Florian Charvolin chercheur en sociologie à l’Université Jean Monnet et auteur du livre Des sciences citoyennes ? La question de l'amateur dans les sciences naturalistes explique en effet que la « Science participative nous invite à décentrer nos façons de penser la science traditionnelle ». Elle favorise un décloisonnement du monde des chercheurs et des praticiens. En répondant à une préoccupation sociétale, le savoir sera situé, c’est-à-dire lié directement à un contexte ou à des pratiques.
Un bénéfice à double sens
En dehors des regroupements de personnes, tout citoyen peut aussi participer à des programmes de recherches participatives en collectant des données à grande échelle. Si ce mode de participation était réservé aux passionnés il y a quelques années, il s’est aujourd’hui démocratisé. Les participants s’auto-forment grâce aux documents et protocoles donnés en amont. C’est le cas par exemple de l’observatoire des papillons des jardins où un document répertoriant les espèces de papillons les plus communes permet aux participants de pouvoir les identifier correctement.
Le projet Observatoire des papillons des jardins donne la possibilité à tous les citoyens d’aider les chercheurs à suivre l’évolution de la biodiversité en comptabilisant les papillons de leur jardin – MyScienceWork
En récoltant ces données, le citoyen devient garant de la biodiversité. Florian Charvolin explique en effet que « la science participative va rendre vigilants les participants. Dans le cas d’un projet d’aménagement, comme la création d’un barrage, ils auront d’avantage de recul pour juger de la portée du projet. En ce sens, la science citoyenne facilite la démocratie par la formation individuelle et personnelle des participants ».
La Fondation Sciences Citoyennes termine son rapport sur un certain nombre de recommandations pour développer ce type de recherche. Elle préconise par exemple de récompenser l’engagement sociétal des chercheurs et de repenser l’évaluation des projets de recherche participative.
La science participative bouscule les codes en plaçant le citoyen au cœur de la recherche. Multiple, elle concerne aussi d’autres approches comme celle de la recherche action ou des citizen cyberscience en pleine émergence. Encore mal connue du public, la science citoyenne n’est qu’à l’aube de son histoire.
Pour aller plus loin :
F. Charvolin, A. Micoud, L. Nyhart, « Des sciences citoyennes ? La question de l'amateur dans les sciences naturaliste », Edition de l’aube, la tour d’Aigues, 2007.
Compte rendu du colloque « Les sciences citoyennes. Vigilance collective et rapport entre profane et scientifique dans les sciences naturalistes », Saint Etienne, 2005, disponible sur MyScienceWork.
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Citizen Science : rencontre entre la science et les citoyens sur MyScienceWork.
Astronomie et Ecologie Citoyenne : le Projet Zooniverse sur MyScienceWork.