Les laboratoires de recherche français se peuplent de plus en plus de femmes. Entre 2008 et 2012, la proportion de femmes diplômées actives dans les sciences a augmenté de 13% dans l’hexagone. Un regain encourageant mais qui fait néanmoins pâle figure comparé aux chiffres de certains de nos voisins européens.
This article is also available in English: In women's scientific vocations, France lags behind its European neighbors
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Après des années de déclin, le nombre de femmes qui s’orientent vers les études scientifiques connaît un début de reprise. Ne crachons pas dans la soupe, c’est une bonne nouvelle : « Nous commençons à récolter les fruits de 15 ans d’actions associatives et insitutionnelles. Nous sommes dans un contexte favorable certes, mais moins que celui qu’on observe dans le reste de l’Europe », explique Claudine Schmuck, fondatrice du cabinet d’étude Global Contact et auteur d’une étude sur le sujet.
La France progresse moins vite
Et pour cause, l’analyse Global Contact de données Eurostat mises à jour en août 2013 dépeint une France légèrement à la traîne. La croissance des effectifs de femmes actives dans les sciences est inférieure de 3 points à la moyenne européenne (+ 13% en France versus +16 % pour l’Union Européenne) d’actifs femmes, mais elle représente la moitié de celle observée en Allemagne ou en Grande Bretagne, respectivement à 24 % et 22 %. Quant au Luxembourg (qui compte toutefois beaucoup moins d’habitants), la croissance atteint carrément plus de 50%.
En Allemagne et plus récemment au Royaume-Uni, des initiatives d’ampleur nationale ont été organisées pour promouvoir les métiers scientifiques auprès des jeunes,et notamment des jeunes filles . Selon Claudine Schmuck, « ce qu’il manque en France, c’est un message commun fédérateur ». Depuis 2009, l’Angleterre a lancé « The Big Bang » [en anglais], un projet collaboratif qui vise à promouvoir les métiers de la Science auprès des jeunes. « C’est en partie grâce à ce projet qui rencontre beaucoup de succès outre-Manche que le Royaume-Uni enregistre une si bonne progression. L’union fait vraiment la force » conclut la fondatrice de Global Contact. Trois grandes associations agissent de manière concertée en France : Femmes et Sciences, Femmes et Mathématiques et Femmes Ingénieurs. De nombreuses associations locales et régionales visent également à faire passer le même message. « Ces associations font toutes un très bon travail » insiste Claudine Schmuck, « mais il n’existe pas d’initiative française de taille comparable à celles de nos voisins ».
Une vidéo stéréotypée pour combattre les stéréotypes
La commission européenne, de son côté, a lancé sa propre campagne en 2012. Le résultat est une vidéo très controversée qui essaye de mettre en avant les sciences auprès des jeunes filles de 13 à 18 ans à grand renfort de rose et de rouge à lèvres. Des stéréotypes sur les filles qui justement sont au cœur du manque de vocations féminines selon l’étude réalisée pour Orange par Claudine Schmuck. Les femmes "restent très minoritaires dans des filières telles que le numérique. La féminisation des filières dites de sciences dures reste très limitée » relève l'étude. On note beaucoup plus de femmes dans les filières de la santé ou de la biologie mais très peu dans les filières comme le numérique, la technologie ou la physique.
Ce que ces petites et grandes initiatives des associations ont de plus efficace est qu’elles tendent à contrebalancer les stéréotypes inscrits dans la société française. Ils représentent un facteur culturel et historique profondément ancré dans nos société et qu’il est difficile de changer. Une vidéo telle que celle de la commission européenne ne peut donc pas fonctionner puisqu’elle prend elle-même appui sur ces stéréotypes. En revanche, le récent rapport de la commission qui déclare que si plus de femmes travaillaient dans le numérique, les revenus de l’Union européenne serait boosté de manière très significative, est plus susceptible de faire son petit effet.