Les personnes transgenres et non-binaires sont des personnes dont le genre n’est pas celui assigné à la naissance, au contraire des cisgenres. Ceci s’explique par la différence entre le sexe et le genre, le sexe étant une caractéristique biologique alors que le genre est une construction sociale. On estime à 0,6% le nombre de personnes transgenres et non-binaires en Amérique. Peu représentées dans la vie quotidienne, elles subissent des oppressions de toutes sortes, que le Dr. Killian Kinney étudie à travers ses différentes publications.
Car ces oppressions se traduisent par de nombreux éléments et dans de nombreux contextes. L’étude “Intersecting Experiences of Healthcare Denials Among Transgender and Nonbinary Patients” met en évidence l’absence de soutien ressentie par les étudiant-es en travail social. Les professeur-es partent du principe que les élèves sont tous cisgenres hétérosexuels, et lorsque ce n’est pas le cas, alors ielles s’attendent à ce que la personne soit une professionnelle des questions LGBT, lui mettant une pression sur les épaules.
A travers une interview de 20 à 50 minutes sur 12 participants, le déni des expériences transgenres des étudiant-es est mis en avant. Entre l’utilisation des mauvais pronoms, les hypothèses sur la raison de leur genre, ou encore les discours préjudiciables que subissent chaque élève, ielles subissent une quantité écrasante de discriminations. De plus, ces discours nuisibles sont souvent ignorés des autres élèves et des professeur-es, et ce sont directement les victimes qui doivent prendre leur propre défense dans la plupart des cas, même si de rares interruptions par les professeur-es existent.
En réponse à ces oppressions, certain-es étudiant-es tentent de faire profil bas, d’autres ont la réaction inverse. Ce stress constant peut entraîner une baisse des notes, mais aussi une consommation accrue à l’alcool et aux drogues, ainsi qu’une santé mentale faible.
La santé est par ailleurs un autre point préoccupant. “Does it get better? LGBTQ social work students and experiences with harmful discourse” rappelle que, dans les soins de base, les soins psychiatriques ou les soins liés à leur genre, les besoins des personnes transgenres et non-binaires sont souvent niés. Une enquête américaine estime qu’environ 33% de personnes transgenres et non-binaires ont eu des expériences négatives lorsqu’elles tentaient de consulter un prestataire de santé. Ces personnes sont 2,34 fois plus susceptibles de se voir refuser des soins au cours de leur vie que les personnes cisgenres. De plus, les personnes qui se sont vues refuser l’accès au soins une fois évitent d’y retourner.
En plus des violences physiques et verbales s’ajoutent d’autres discriminations. Les femmes transgenres noires se font plus souvent refuser l’accès aux soins que les femmes transgenres blanches. Racisme, handicap, pauvreté, âge, absence de diplômes, la transidentité est un frein de plus à toutes les autres discriminations qui empêchent un accès au soins.
Ces exemples ne sont qu’un détail parmi toutes les barrières auxquelles sont confrontées les personnes transgenres et non-binaires. Pourtant, certains patients font état d'expériences positives en médecine, principalement lorsque les prestataires utilisent un langage inclusif et respectueux, témoignant de la volonté des soignants de changer. Les directeurs de sciences sociales ont aussi cette volonté, bien que les résultats ne soient pas présents, d’où l’importance d’une réelle formation.
Une formation continue pourrait au moins diminuer les difficultés que rencontrent les personnes transgenres et non-binaires. En médecine, des formations sur les bonnes pratiques, comme des formulaires d’admission inclusifs, des toilettes adaptées au genre, l'encouragement des prestataires à partager leurs propres pronoms avec tous les patients pourraient être envisagées. Pour les professeurs, leur apprendre à réagir face aux discours préjudiciables et comment aborder les questions d’homophobie et de transphobie leur permettraient de mieux soutenir les étudiant-es de toutes les identités.
En ce moment, des lois anti-transgenres sont votées aux états unis. Elles interdisent entre autres aux femmes et à des filles transgenres de participer à des sports. Preuve, s’il en fallait encore, que la lutte des droits des LGBT est loin d’être terminée.