Journée internationale des fossiles

Les sites de conservation exceptionnelle

C’est la journée internationale des fossiles ! L’occasion de sortir les marteaux, pinceaux et chapeaux de randos pour faire un tour du monde et découvrir les plus beaux sites fossilifères.




Les fossiles sont des traces d’êtres vivants qui se sont plus ou moins minéralisées avec le temps. Témoins du passé, ils permettent de reconstituer les environnements les plus anciens. Certains lieux sont propices à la fossilisation : les Lagerstätten sont des sites à conservation exceptionnelle, que ce soit dans la qualité, la quantité ou la diversité. Profitons de ces sites de conservation unique provenant du monde entier pour retracer l’histoire de la vie.



La faune de Burgess du Cambrien

Il y a plus de 500 millions d’années, la Gaule n’était pas du tout, mais alors pas du tout occupée par les romains. A cette époque, pas d’humains, pas de dinosaures, pas même de mammifères ou encore d’animaux terrestres ! Au Cambrien, seuls les animaux marins existaient, et la surface terrestre n’avait pas un climat propice à la vie. On pourrait penser qu’il existait peu d’espèces vivantes, pourtant cette époque a connu justement une explosion cambrienne, une apparition soudaine de nouveau groupe d’animaux très diversifiés. Le très célèbre et regretté paléontologue américain Stephen Jay Gould disait que cette disparité anatomique n’a jamais été égalée depuis. 

 

Il est possible d’observer cette diversité au Canada, au Parc national de Yoho. Là-bas, la faune de Burgess nous délivre des spécimens tous plus étranges les uns des autres, dont certains n’ont pas de descendant actuellement. Parmi eux, Anomalocaris, ou littéralement “étrange crevette”, est le premier prédateur connu du monde vivant. Gros arthropode aux grands appendices pouvant atteindre 1 mètre de long, il est connu pour ses yeux composés de grande taille. Mais un animal encore plus bizarre de cette époque est connu sous le nom de Hallucigenia, étrange espèce au corps long et mince comme celui d’un vers, qui ne possède pas de tête clairement définie. À la place des pattes, il possède des épines d’un côté du corps, et des tentacules de l’autre côté, mais aucun ne semble adapté à la marche… Pendant longtemps, le fossile était représenté à l’envers, marchant sur ses épines, alors qu’il semblerait qu’il se déplaçait plutôt sur ses tentacules ! 


Image : Anomalocaris avec ses deux appendices, et Hallucigenia sur son rocher. 




Le gisement de Fezouata de l’Ordovicien

Faisons un saut dans le temps et dans l’espace. 30 millions d’années plus tard, au Maroc, dans la région de Drâa-Tafilalet, marcher sur la terre ferme était impossible puisque le lieu était recouvert d’un immense et profond océan. Aujourd’hui, le Gisement de Fezouata nous offre le premier site de conservation exceptionnelle de l’Ordovicien, et permet de mieux comprendre cette époque ancienne, connue des paléontologues pour être la Grande biodiversification Ordovicienne, la seconde période d’explosion de la diversification, différente de celle du Cambrien présentée plus haut. Là où pendant des années les scientifiques ont pensé que les deux explosions cambriennes et ordoviciennes étaient sans lien, l’existence d’espèces similaires entre les deux sites, comme Anomalocaris, suggère que ces deux explosions n’en soient en fait qu’une longue.

 

Outre les espèces similaires, il existe de nouvelles espèces marines qui n’étaient pas connues du Cambrien, comme les trilobites, les fossiles phares de la paléontologie. Arthropodes marins ayant disparu il y a 250 millions d’années, ils sont extrêmement abondants et diversifiés, avec plus de 18 500 espèces décrites. À titre de comparaison, seules 14 espèces d’Homo ont été identifiées à ce jour… Les trilobites ne ressemblent à rien de connu actuellement, et se retrouvent uniquement dans la mer. On en retrouve une grande diversité dans le gisement de Fezouata. D’autres espèces étranges y sont représentées, comme les Euryptérides appelées plus communément scorpions de mer, bien qu’ils ne soient pas apparentés à ces derniers. Situés au sommet de la chaîne alimentaire, certaines espèces peuvent atteindre 2 mètres de long, et le groupe figure parmi les plus grands arthropodes ayant existé sur Terre.