Depuis le début du mois, la Chine est touchée par un épisode de grippe aviaire. Des centaines de personnes à travers le monde ont précédemment été infectées. Une étude réalisée au Bangladesh, pendant une frappante épidémie de 2007, montre que la moitié des habitants questionnés n'a jamais entendu parler de cette maladie. Le reste des personnes demeurent ignorantes de ses symptômes. Les populations rurales notamment devraient donc avoir une meilleure connaissance de la maladie et des mesures de préventions. Pour cela, des campagnes d'information visant à renseigner les populations du monde sur le virus de la grippe aviaire semblent fortement recommandées.
Le virus de la grippe aviaire, apparu en 1997 à Hong Kong, s'est répandu à travers le monde. Cependant, ce sont les pays asiatiques qui détiennent le triste record du nombre de contagions avec plus de 400 cas sur les 622 détectés. L’état des connaissances de 418 habitants du Bangladesh au sujet de ce virus a été étudié lors d'un sondage [disponible sur MyScienceWork] par M. Jahangir Alam, A. B. M. Selimuzzaman (chercheurs en microbiologie) et M. K. Ali (IPA consultant) de l'université médicale de Rajshahi au plein cœur d'une épidémie en mai 2007. Parmi les thèmes abordés : les symptômes d'une personne infectée, les moyens de prévention contre le virus et le mode de transmission de la maladie.
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Une méconnaissance de la grippe aviaire
« C'est un problème regrettable qu'une majeure partie de la population reste ignorante au sujet de la maladie » expriment Alam, Selimuzzaman et Ali.
L'étude révèle que plus de la moitié des personnes interrogées ignore absolument ce que désigne le terme « grippe aviaire ». Les scientifiques se sont ainsi concentrés sur la moitié de l'échantillon connaissant cette maladie. Parmi elle, 42% pensent que les problèmes respiratoires, la toux ou la fièvre ne sont pas des symptômes de grippe aviaire alors qu'il s'agit bel et bien des signes décelés lors d'une infection. En ajoutant les 16% qui affirment ne connaître aucun symptôme, presque 58% des interviewés ne connaissent pas l'impact du virus sur l'homme. Si la majeure partie des personnes interrogées (85%) a conscience que la grippe aviaire menace ouvertement la vie humaine et qu'il est nécessaire de s'en prémunir, ils ne savent pas pourquoi ni comment. Seulement 19% de la population du Bangladesh détient des informations correctes à propos des symptômes. Les autres ignorent l'existence de ce virus ou sous-estiment cette maladie.
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La connaissance, et surtout la médiatisation, des gestes préventifs sont ainsi requises afin d'apporter les éléments manquants à la culture populaire locale. Néanmoins ce pays contient en vaste partie une population rurale et peu éduquée. Les auteurs de l'étude voient en effet une corrélation entre l’illettrisme et le manque d’information concernant la maladie. Une communication massive s'inscrit par conséquent dans un contexte culturel et social particulier qu'il faut nécessairement prendre en compte.
Apporter une meilleure information et supprimer les croyances erronées
La dernière partie de cette étude montre que même la population informée connaît mal la maladie et les moyens de prévention. Concernant la transmission du virus à l'homme, 62% des bangladais pensent à raison que posséder, transporter ou abattre des volailles est un risque potentiel de contagion. Pour la consommation, 55% savent que la viande de volaille partiellement cuisinée peut transmettre la maladie et seuls 37% pensent que les œufs représentent le même risque. L'Organisation Mondiale de la Santé confirme que la consommation de plats à base de sang non cuisiné ou de viande crue entraîne un haut risque de transmission. Ainsi, en pleine épidémie, les habitants du Bangladesh savaient qu’un contact avec les animaux infectés augmente la probabilité de transmission du virus à l'homme. Cependant beaucoup sous-estimaient le danger de la consommation de viande peu cuite.
Aujourd'hui le Bangladesh est un pays fréquemment touché par la grippe aviaire malgré sa bonne croissance économique et démographique. Si une transmission inter-humaine commence à se produire, une propagation de type épidémie pourrait encore avoir lieu. Celle-ci pourrait être évitée ou du moins minimisée. Pour cela, la vaccination reste la meilleure arme. Parallèlement, des études sociologiques contribuent à l'amélioration de la prévention dans le contexte d'une population rurale, peu lettrée et très ancrée dans un contexte géographique et culturel. Une meilleure connaissance locale des maladies infectieuses améliorerait la prévention des épidémies. La population pourrait repenser ses habitudes et pourquoi pas élaborer une démarche à suivre contre les virus. Tout cela pourrait permettre au Bangladesh, un des pays les plus densément peuplés du monde, de sortir peu à peu de ces infections mortelles qu'il accumule avec le temps.
En savoir plus
La Grippe Aviaire selon l'Institut Pasteur.
Frequently Asked Questions on human infection with influenza A (H7N9) virus in China, par l'Organisation Mondiale de la Santé.