Les médicaments contenant de la pioglitazone sont, depuis 10 ans, reconnus comme efficaces pour le traitement du diabète de type 2. Cette molécule permet de faire baisser le taux de glucose dans le sang jusqu'à des concentrations acceptables. Néanmoins, son mécanisme d'action reste en partie inconnu et ses effets secondaires sont toujours inexpliqués. De nombreux débats sur la nocivité de cette molécule ont conduit à son retrait du marché en 2011. Jean-Claude Drapier et son équipe, à l'Institut de chimie des substances naturelles de Gif-sur-Yvette, ont donc un rôle essentiel, celui d'élucider les mécanismes d'action de cette molécule pour minimiser ses effets secondaires. A terme, ce traitement pourrait donc bénéficier d'une seconde vie.
Cet article a fait l’objet d’une publication sur le mini-site « Diabète » de la Fondation pour la Recherche Médicale (FRM). Depuis 64 ans, la FRM cultive une position unique au cœur de la recherche. Totalement indépendante et reconnue d’utilité publique, elle agit grâce à la seule générosité de ses donateurs. Son objectif : concourir au développement d’une recherche médicale française innovante et pionnière, porteuse de progrès médicaux pour tous. La FRM a aussi une mission d’information. Elle met ainsi à disposition du public les outils pour mieux comprendre les enjeux et les découvertes de la recherche médicale.
Réduire la glycémie
Souvent mortel, le diabète de type 2 est une maladie en constante progression. Elle touche actuellement plus de 350 millions de personnes dans le monde (consulter notre fiche : les chiffres-clés). Elle se caractérise par des taux anormalement élevés de sucre dans le sang ce qui, à long terme, peut entraîner entre autres des maladies cardiovasculaires, une perte de la vision, des douleurs par une atteinte des nerfs, et un mauvais fonctionnement des reins. Le but des traitements médicaux consiste à réduire la concentration en sucre dans le sang (glycémie) jusqu’à des valeurs normales.
Parmi les médicaments existants, la pioglitazone permet de sensibiliser les cellules à la présence d’insuline afin qu’elles exploitent correctement le glucose issu des aliments. Le diabète du type 2 est en effet lié à une résistance progressive de l’organisme à l’insuline, hormone favorisant le stockage et l’utilisation du glucose ( consulter notre dossier qu’est-ce que le diabète ? ). Mais la pioglitazone présente des effets indésirables importants (gain de poids, risque de fractures, anémie, éventuels polypes du colon, etc.). Leur origine ainsi que le mode d’action de la molécule sont encore mal connus aujourd’hui. Ces dernières années, l’implication de cette substance dans la survenue de cancers et de maladies cardiovasculaires a fait l’objet de controverses. En septembre 2011, elle a été retirée du marché.
De manière générale, les traitements anti-diabétiques actuels permettent d’augmenter fortement la durée de vie des patients. Ils améliorent leurs conditions de vie sans toutefois les guérir totalement. Pour améliorer l’action de ces médicaments, il est aujourd’hui crucial de comprendre l’origine de l'efficacité de la pioglitazone pour diminuer la glycémie et les réels risques à long terme de la prise de ce médicament. Cela passe tout d’abord par l’identification des cibles de cette molécule.
Premiers résultats
« En 2004, une équipe de diabétologues a publié une étude dévoilant une des protéines ciblée par cet anti-diabétique, la mitoNEET. » Cette protéine est synthétisée par les centres producteurs d’énergie de la cellule, les mitochondries. « A l’heure actuelle, nous ne savons pas quel est le rôle de cette protéine. Des études suggèrent qu’un dérèglement de fonctionnement des mitochondries serait lié à l’apparition du diabète. Il est très possible que cette protéine entre en jeu dans cette perturbation du système. »
L’équipe "Signalisation redox et fonctions des protéines fer-soufre" de Institut de chimie des substances naturelles de Gif-sur-Yvette dirigée par Jean-Claude Drapier, est spécialisée dans l’étude des protéines à noyaux Fe-S dont fait partie mitoNEET. Elle a mis en place une approche multidisciplinaire afin de :
1- comprendre le rôle de mitoNEET dans le trafic des noyaux Fe-S 2- identifier les interactions de la pioglitazone avec mitoNEET 3- établir le lienavec le diabète
« Nous allons étudier à l’échelle atomique les sites de fixation de la pioglitazone sur la structure de mitoNEET. Ceci nous renseignera sur le mécanisme d’action du médicament. Des tests biologiques pourront ensuite confirmer les liens entre les différents acteurs. »
Les espoirs de cette nouvelle approche
Comprendre l’action de l’anti-diabétique et analyser la fonction de mitoNEET vont de paire pour découvrir « la cause du diabète ». En s’appuyant sur des approches complémentaires, les scientifiques espèrent identifier précisément ces mécanismes. Ils visent, à terme, une amélioration de la pioglitazone pour une éventuelle remise sur le marché après suppression des effets néfastes. Ces résultats pourraient aussi permettre le développement d’autres thérapies alternatives, plus efficaces et dénuées d’effets secondaires ; avec un objectif : compléter l’arsenal thérapeutique contre le diabète de type 2.
Une position unique au cœur de la recherche
La Fondation pour la Recherche Médicale est le seul organisme à but non lucratif à intervenir dans toutes les disciplines de la recherche. Elle apporte également une aide importante aux travaux qui impliquent de jeunes chercheurs, pour une recherche médicale française pérenne et pour la qualité de notre santé de demain.
Cause, facteurs de risque, symptômes, traitements ? Consultez le mini-site "DIABETE: L'épidémie du 21e siècle" de la FRM pour mieux comprendre cette maladie trop répandue sur notre planète. Pour découvrir les axes de recherches prometteurs, consultez Diabète : les progrès et les espoirs nés de la recherche.