Des nanotechnologies pour soigner les animaux

Les nanoparticules ont de l'avenir en médecine vétérinaire

Les nanotechnologies, science des très petites particules de l'ordre du millionième de millimètre, sont autant porteuses d'espoir pour la médecine humaine qu'animale. L'académie vétérinaire de France a d'ailleurs organisé sa première conférence sur le sujet  le 7 mars dernier. Cet événement a permis de faire un point sur les recherches en cours et les enjeux de ce type de technologie pour nos amies les bêtes.

Les nanotechnologies, science des très petites particules de l'ordre du millionième de millimètre, sont autant porteuses d'espoir pour la médecine humaine qu'animale. L'académie vétérinaire de France a d'ailleurs organisé sa première conférence sur le sujet  le 7 mars dernier. Cet événement a permis de faire un point sur les recherches en cours et les enjeux de ce type de technologie pour nos amies les bêtes. 

Tiphaine Rivière Bureau 114

Mieux traiter les animaux

Les animaux de compagnie, tout comme les humains, sont l’objet de soins de plus en plus spécifiques. Une médecine prometteuse émerge depuis quelques dizaines années, celle des nanotechnologies. Les chercheurs tentent aujourd'hui de manipuler la matière à l'échelle de la molécule et de l'atome pour créer des médicaments innovants plus performants.

Pour les animaux d'élevage, les enjeux du développement de la nanomédecine sont moins importants au vu d'un système économique totalement différent. Les nanotechnologies sont trop coûteuses alors que ces animaux vivent moins longtemps et sont l'objet de soins moins pointus. Une vache laitière ne sera par exemple pas traitée pour un cancer. Cependant il est intéressant de développer des vaccins de type nanoparticule pour les élevages.

Des nanoparticules qui délivrent le médicament à sa cible

Les recherches en nanomédecine permettront d'abord d'améliorer la qualité des soins et des vaccins. Habituellement, un médicament inonde le corps et n'atteint sa cible qu'en quantité infime. Les nanoparticules quant à elles peuvent servir comme un vecteur de transport des substances médicales. Pour cela, une palette de particules sont à l'étude allant des plus « simples » comme les liposomes à des molécules beaucoup plus longues et complexes formant des structures tridimensionnelles appelées dendrimères. En greffant des récepteurs spécifiques de cellules à traiter sur ces particules ou ligands, elles vont précisément se diriger puis délivrer le principe actif sur sa cible. La nanotaille des particules améliore aussi l'absorption du médicament par l'organisme. Ce type de technologie augmente les effets thérapeutiques et diminue les effets secondaires.

D'autre part, la quantité de traitement est optimisée. A terme, cette technologie utilisant moins de principe actif pourrait être économiquement viable, notamment en oncologie où les agents anticancéreux sont très onéreux. Leurs propriétés peuvent aussi permettre de contrôler la libération du médicament dans le corps. Par exemple, les propriétés magnétiques de certaines particules permettent de les activer grâce à un champ magnétique externe. Cela signifie moins d'injections, de substances actives et donc un traitement moins contraignant. L'avantage est non négligeable en médecine vétérinaire où la prise en charge médicamenteuse est souvent délicate et présente un intérêt certain pour les industriels et la sécurité sanitaire.

De l'enjeu de santé publique au développement industriel 

Selon l'organisation mondiale de la santé animale (OIE), 60% des pathogènes humains sont d'origine animale. Il est donc important de poursuivre la recherche sur les nanotechnologies dans le domaine de la médecine vétérinaire. Elles permettent même d'envisager de soigner des infections virales que des thérapies classiques ne peuvent pas forcément traiter. « L'échange de résultats et la discussion entre les deux santés, humaine et animale, est indispensable » affirme Jean Delaveau, directeur développement pharmaceutique externe chez Merial, spécialisée en santé animale. En médecine vétérinaire, les scientifiques cherchent à traiter un grand nombre d'espèces. Pour chacune il faut refaire des études toxicologiques et adapter le dosage du médicament.

En 2005 déjà, l'OIE souhaitait « élabor[er] des lignes directrices relatives à l'application de la nanoscience/nanotechnologie dans le domaine de la santé animale ». Aujourd'hui pourtant, peu de brevets ont été déposés. Pour Jean Delaveau, « Tant qu'on ne maîtrise pas bien ces technologies, les laboratoires hésitent à s'investir dans cette médecine ». Pour le moment, cette technologie coûte cher mais la balance économique devrait à terme s'équilibrer. D'ici 5 ans, des brevets devraient émerger.

Appréhender les risques toxicologiques

Faire de la recherche en nanotechnologie, c'est aussi prendre en compte la notion de risque. Utilisées en nanomédecine, certaines particules telles que les liposomes sont organiques et biodégradables, elles n'ont pas vocation à rester longtemps dans l'organisme contrairement à celles qui sont par exemple utilisées dans les peintures. Jacques Grassi, directeur du programme transversal « Technologie pour la santé » du CEA, va même jusqu'à dire que « dans le cas des applications destinées à la santé, les craintes [du public] paraissent peu justifiées. En effet, les produits de santé sont toujours soumis à une évaluation très stricte qui prend en compte le bénéfice apporté au patient au regard des risques encourus ». Moins catégorique, la recherche sur les nanoparticules en médecine sont accompagnées d'autres recherches sur l'étude des risques toxicologiques potentiels liés à ce type de technologie.