Le café du Pont-Neuf accueillait le 16 avril un nouveau Mardi de l’espace intitulé SOS Forêts tropicales. Le CNES a invité deux experts pour nous décrire comment les satellites sont utilisés pour organiser la répression contre les activités illégales dans les forêts tropicales. Retour sur un livetweet au constat inquiétant pour la diversité de nos forêts.
Le mardi de l’espace du 16 avril était cette fois consacré à la surveillance des forêts tropicales via les satellites. Pour l’occasion, le CNES avait invité Aurélie Sand experte transverse espace et développement au CNES et Benoît Mertens chercheur à l'Institut de Recherche pour le Développement, (IRD) qui participent à ces programmes de protection. Ils nous ont décrit comment les images satellites permettent de repérer les activités illégales dans les forêts tropicales et d’organiser la répression.
Des satellites pour protéger les forêts des activités illégales
L’immensité et l’inhospitalité des forêts tropicales les rendent très difficiles à surveiller. Avec 5 millions de kilomètres carrés d’arbres qui disparaissent chaque année, les satellites se présentent comme un outil indispensable à la lutte contre le fléau de la déforestation.
En comparant deux images d’une même zone à des périodes différentes, les satellites permettent dans un premier temps de constater la déforestation ou de connaître l’ampleur d’une catastrophe naturelle.
Recensement des dégâts à Sumatra 2004 / 2005 par satellite ow.ly/k7EMp. cc @disasterschart #CNESTweetup CNES (@CNES_France) 16 avril 2013
Dans un second temps, une surveillance régulière met en lumière des signes avant-coureurs d’activités de déforestation massive.
Sur cette image, le "peigne" correspond à une déforestation créée à partir d'une piste ouverte (E-O) ! #CNESTweetup CNES (@CNES_France) 16 avril 2013
Visibles en arête de poisson depuis l’espace, les routes et pistes tracées par les trafiquants sont un premier signe observable avant déforestation
Image prise au Brésil en 2001 par le satellite Landsat, crédit image : PlanetObserver
Les images peuvent aussi révéler la présence d’autres activités illégales.
On peut voir des activités d'orpaillage depuis l'espace! #CNESTweetup Illégal ces activités sont très polluantes
— MyScienceWork (@MyScienceWork) 16 avril 2013
Du traitement des données aux actions de terrain
Les images satellitaires donnent des informations clés pour organiser la répression sur le terrain. Les activités illégales font l’objet d’un traitement automatique.
#CNESTweetup "Une alerte est donnée par un traitement automatique qui va entrainer un vérification humaine" Aurélie Sand
- Lucile Pommier (@LucilePommier) April 16, 2013
Les données sont réceptionnées de façon plus ou moins systématiques selon les pays. Elles ne sont par exemple récupérées qu’une fois par mois sur le territoire de la Guyane, moins sujet à la déforestation que d’autres régions. Pour rester opérationnel et intervenir rapidement, le Gabon quant à lui réceptionne et traite les données satellitaires tous les 15 jours.
En cas de signes d’activités illégales, des équipes sont envoyées sur place pour vérifier l’interprétation des images et supprimer le litige.
#CNESTweetup "les analyses de terrains sont nécessaires pour vérifier l'interprétation qu'on fait des images" Benoît Mertens
- Lucile Pommier (@LucilePommier) 16 avril 2013
Quand les satellites font bouger les choses
Les satellites n’ont pas révolutionné le mode de surveillance des forêts mais ont facilité la mise en œuvre des lois et des codes forestiers. Les images satellites des forêts ont permis au Gabon de formaliser un réseau de parc nationaux.
#CNESTweetup L'imagerie satellite a permi d'affiner les limites des permis d'exploiation des zones de la forêt tropicales.
- Charles (@Charles_grs) April 16, 2013
Les pays ont désormais un outil qui surveille de façon globale le territoire. L’homme est néanmoins toujours au cœur de la protection des forêts. Notamment parce que seules les activités illégales très organisées sont visibles depuis l’espace. Ensuite parce que la nature reprend vite ses droits et masque aux satellites les passages illégaux.
Une piste secondaire disparait parfois en qqes mois car la canopée et la végétation repousse #CNESTweetup
- MyScienceWork (@MyScienceWork) 16 avril 2013
Les braconniers ont aussi su s’adapter à ce nouveau mode de surveillance et laissent des grands arbres pour ne pas être repérables depuis l’espace.
Si les satellites ont énormément amélioré la surveillance des forêts tropicales, les données sont dépendantes des hommes qui les traitent. Elles ne peuvent garantir une bonne interprétation et encore moins permettre de repérer toutes les ruses des braconniers. Derrière ses outils, le travail des hommes sera toujours nécessaire.
Revivez le #CNESTweetup avec le storify du livetweet du Mardi de l'espace du 16 avril.
Pour aller plus loin :
- « SOS forêts tropicales » sur MyScienceWork
- « Catastrophes naturelles : l’aide du spatial » sur MyScienceWork
- « Les satellites au chevet de la forêt amazonienne » du CNES