Leader mondial des services spatiaux, l’Europe compte bien le rester. La semaine dernière, son concurrent low-cost Space X réussissait son premier lancement commercial. Face à un marché de plus en plus concurrentiel, L’ESA et le CNES travaillent à l’élaboration d’un lanceur à bas coût dont le premier vol est prévu en 2021. À l’occasion du prochain Mardi de l’Espace, le 17 décembre au Café du Pont Neuf, Paris, deux dirigeants de la Direction des Lanceurs du CNES viendront discuter des challenges de cette nouvelle fusée.
Vue d'artiste de Ariane 6
Crédits: CNES/DUCROS David 2013
Une baisse significative des coûts
Philippe Pascal, sous-directeur du service Techniques Systèmes de Transport Spatial du CNES, précise qu’il ne s’agit pas d’augmenter les performances de son prédécesseur, Ariane 5. « Il y aura bien des innovations mais l’objectif principal est de minimiser le coût ». Le but est de rester compétitif face aux nouveaux poids lourds du marché. L’américain Space X mais aussi la Chine et l’Inde montent en puissance. Depuis les années 1960, l’Europe a un accès autonome à l’espace. Pour amortir le coût fixe de construction, les lanceurs européens sont aussi commercialisés dans le secteur privé via la société ArianeSpace. D’où l’intérêt de rester compétitif. Pas d’amélioration esthétique ni d’augmentation des capacités de transport donc. Ariane 6 devra rivaliser avec les prix ultra concurrentiels des concurrents d’Ariane, comme le Falcon 9 de Space X.
Pour ce faire, la configuration retenue pour le futur lanceur de l’aérospatiale européenne prévoit de miser sur l’effet de cadence. Au lieu de doter le lanceur de plusieurs propulseurs de tailles différentes, Ariane 6 sera pourvu de quatre moteurs identiques à propergol solide de taille raisonnable et d’un étage supérieur cryotechnique réallumable. « Lancer la production en série d’un même moteur va permettre de baisser les coûts par effet de rationalisation de la production. C’est le même principe que dans de nombreux secteurs industriels », explique Philippe Pascal. L’objectif est de baisser le coût de lancement de 30% par rapport à celui d’Ariane 5, soit un objectif de 70 millions pour Ariane 6.
Par ailleurs la puissante Ariane 5 peut mettre en orbite 2 satellites en même temps. « Ce gros avantage de performances peut se révéler être une vraie faiblesse en cas de difficulté à trouver un couple compatible », fait remarquer Marie-Anne Clair, directrice adjointe Lanceur. Cette année 2 lancements ont dû être reportés pour cause d’absence de co-passager. Ariane 6 vise des lancements simples et sera de ce fait beaucoup plus adaptable aux fluctuations du marché des satellites.
Crédits: CNES
Space X, le nouveau Easyjet de l’aérospatial ?
À l’image du marché du transport aérien, les services spatiaux commerciaux font-ils face au phénomène du low-cost ? Space X serait alors le nouveau Easyjet de l’aérospatial. La course à la réduction des coûts de production et de lancement est donc lancée. Dernière idée du nouvel arrivant sur le marché, un lanceur réutilisable. Une vidéo étonnante a circulé le mois dernier sur laquelle on peut voir un étage de fusée propulsée à 250 mètres puis redirigé vers sa base de lancement. « Nous avons un œil en permanence sur ce genre de perspectives technologiques futures » commente Philippe Pascal. « La technologie qui permettra la réutilisation de tout ou partie des lanceurs ne sera pas viable avant au moins une vingtaine d’années et nous ne sommes pas persuadés de son avantage économique ».
Pour les friands d’innovations spatiales, pas de déception toutefois. L’ESA avec le CNES travaille également à une évolution du modèle actuel d’Ariane 5 ECA, plus performante et plus polyvalente, Ariane 5 ME (Midlife Evolution).
Pour ce qui est des détails techniques, rendez-vous Mardi 17 décembre au Café du Pont Neuf à 19h30 pour le prochain Mardi de l’espace du CNES.
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